L’affiche Espagne-République Tchèque, à Toulouse, nous rendait par avance nostalgique. Un jour, dans pas si longtemps, on ne verra plus sur un terrain Cech (34 ans), Rosicky (35) ou le chauve Iniesta (32).
Il faut en profiter un maximum malgré le vent et la pluie, regarder avec des yeux grands ouverts comme on déguste un ourson à la guimauve lorsque c’est le dernier dans le paquet. Qu’il est beau le portier tchèque dans son intégral violet avec son casque noir, résultat d’une ancienne blessure à la tête sur le terrain. C’est véritablement un costume de superhéros que porte le natif de Plzen et c’est au moins ce qu’il fallait pour conserver le point du match nul le plus longtemps possible.
Au moins en première période, on l’a cru imparable. Un arrêt dès le début du match sur un Morata finalement hors-jeu. Un second, énorme, à bout portant, sur le même buteur de la Juventus, à la 16e. Avant de dégoûter encore sa victime préférée à la 28e. Une dure entrée en matière pour l’attaquant espagnol, titulaire néophyte à ce niveau de compétition dans une équipe où ce n’est jamais un poste facile.
Preuve de l’ascendant psychologique pris par le gardien tchèque, une minute plus tard, Morata, dans la surface, préfère attendre ses coéquipiers et faire une passe que tenter de tirer. Pourtant, le jeune de 23 ans ne devrait pas se sentir victimisé. Cech le Tchèque (répétez-le plusieurs fois à haute voix, c’est drôle) se charge dans la foulée de repousser les tentatives de Jordi Alba et de Silva.
Véritable siège
Car, comme à son habitude, l’Espagne pose son jeu, domine outrageusement, multiplie les passes, parfois au millimètre quand Iniesta s’y met. Même si le public tchèque scande «Cech, Cech» à n’en plus pouvoir, cela ne devrait être qu’une question de temps. Dès l’entame de la seconde période, le central Hubnik dévie un tir de Morata, décidément, sur son poteau. Cela n’arrête pas, c’est un véritable siège, avec plusieurs relances en catastrophe des blancs et bleus, qui se procurent, tout de même une énorme occasion à la 57e, sur une reprise d’Hubnik après un coup de pied arrêté.
Et si le miracle se produisait? Et si, comme le général de Broglie réussissant à s’échapper lors du siège de Prague en 1742 par les Autrichiens, les Tchèques passaient pas un trou de souris? Dans un Euro où les équipes ont du mal à creuser l’écart, dominer n’est pas gagner. La Roja passe ainsi tout près de la correctionnelle à la 64e.
Sur un corner à la rémoise, Krejci trouve la tête de Gebre Selassié et Fabregas dégage en catastrophe sur sa ligne.
Efficacité limitée
Del Bosque tente bien d’insuffler un sang neuf, sortant le malheureux Morata et un décevant Fabregas si ce n’est son sauvetage, mais ça ne suffit pas. Jordi Alba se plante encore, Silva rate le cadre, Aduriz met à côté un joli retourné.
Les supporteurs de la Roja se font plus discrets, jusqu'à la 85e minute. Au moment où on ne sentait plus l'Espagne capable de conclure, elle vient nous contredire. Iniesta centre dans la surface, Piqué la pousse de la tête, Cech est (enfin) battu à la 87e. 1-0 pour les doubles tenants du titre qui peuvent respirer mais que cela a été compliqué contre la plus mauvaise défense, en théorie, des équipes qualifiées (14 buts encaissés en éliminatoires). Et cela aurait même pu se terminer sur un nul si De Gea, pas perturbé apparemment par le scandale sexuel qui le touche, n'avait pas arrêté dans le temps additionnel une belle carte postale de Darida (vous l'avez la blague ?).
L’Espagne mérite, évidemment, les trois points, mais elle a montré que ses problèmes d’efficacité de la Coupe du monde 2014 n’étaient pas complètement résolus.