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Pogba fera-t-il un tour sur le banc bleu ?

Deschamps distille des indices qui laissent penser que le milieu de terrain pourrait ne pas être titulaire face à l'Albanie mercredi.
Paul Pogba face à la Roumanie vendredi. (Photo Martin Bureau. AFP)
publié le 13 juin 2016 à 15h12
(mis à jour le 13 juin 2016 à 15h13)

Vu du train bleu, ce sera peut-être l'événement de l'espace temporel situé entre la victoire du 10 juin contre la sélection roumaine (2-1) en ouverture du Championnat d'Europe et la deuxième rencontre des tricolores, mercredi à Marseille face à l'Albanie : la mise au placard du milieu de terrain Paul Pogba, merveille annoncée au faîte du football mondial depuis deux ou trois ans, plutôt irrégulier lors du match initial mais pas plus que d'autres.

On ne sait trop comment qualifier à ce stade l’hypothèse d’un Pogba qui irait s’assoir sur le banc des remplaçants lors du prochain match. Le moins pire est d’en appeler au droit pénal américain : raisonnable présomption. Le sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps, a en effet semé quatre indices sur la route qui pave les circonvolutions des suiveurs des Bleus. Le premier : Pogba ne s’est pas entraîné dimanche, ce qui ouvre l’hypothèse d’une blessure pouvant éteindre la polémique – «je ne pouvais pas le faire jouer, il est touché» – inévitable quand un élément aussi important que le Turinois est mis au tas.

Virage serré

Deuxième indice : le milieu des Bleus Moussa Sissoko s'est présenté lundi devant la presse, le joueur de Newcastle étant le remplaçant naturel de Pogba au poste de milieu droit. A 48 heures d'un match, ceux qui passent à confesse devant les micros sont rarement remplaçants, cette règle non-écrite souffrant bien entendu des exceptions – surtout si l'entraîneur veut tromper l'ennemi (albanais, en l'occurrence). Troisième indice : Sissoko s'est montré plutôt pointu quand il a décortiqué le jeu albanais, et surtout «ce côté gauche grâce auquel les Albanais impulsent la plupart de leurs mouvements, et qui mérite une attention toute particulière de notre part». Ce qui tombe bien pour Sissoko, dont le profil est plus défensif que celui de son concurrent au poste de milieu droit des Bleus.

Quatrième indice : la configuration idéale du match des Bleus telle que décrite par ce même Sissoko, «leur sauter à la gorge, exercer un gros pressing d'entrée», ce qui favorise l'expression de son style dur et abrasif quand Pogba est infiniment plus artiste, plus fin avec le ballon. Pour Deschamps, le virage est serré. Si les Bleus ont une équipe compétitive, il n'existe – sauf révélation – que deux joueurs capables de les hisser parmi les formations hors-classe, où l'on peut trouver l'Allemagne (vainqueur 2-0 de l'Ukraine dimanche), l'Espagne et peut-être même la Croatie, illuminée par Lukas Modric. Et ces joueurs sont Antoine Griezmann et Paul Pogba : si Deschamps peut les piquer dans leur orgueil ou essayer de les convaincre que prendre un peu de repos est dans leur intérêt (ce que les éléments les plus doués ont toujours du mal à admettre), il sait bien qu'il aura besoin d'eux à partir des 8es de finale, quand la pente s'élèvera. Un cas d'école de management sportif.