Menu
Libération
Euro

Cinq choses à savoir sur l’équipe d’Islande

Novice à ce niveau, la sélection nationale rencontre ce soir le Portugal. Sa réussite s’explique par une volonté forte des pouvoirs publics.
Le milieu Islandais Gylfi Sigurdsson lors d'une séance d'entraînement à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie), le 11 juin 2016 (Photo ODD ANDERSEN. AFP)
publié le 14 juin 2016 à 13h15

La sélection nationale rencontre ce soir le Portugal. Sa réussite s’explique par une volonté forte des pouvoirs publics.

Conditions hostiles

Plus petit pays à atteindre la phase finale d’un tournoi majeur de foot (330 000 habitants – la ville de Nice est plus peuplée), l’Islande est une île volcanique assujettie à des conditions climatiques dantesques. Les températures fraîches sont accentuées par de grosses bourrasques de vent. Et souvent accompagnées d’une neige épaisse et tenace. Des circonstances inadaptées à la pratique du foot en plein air. En moyenne, les joueurs ne peuvent se défouler à l’extérieur que cinq mois dans l’année (de fin avril à début octobre). Pour ne rien arranger à cette situation précaire, l’île souffre également de son éloignement géographique car située à la limite du cercle polaire. Malgré ces conditions contraire, les Islandais ont réussi des qualifications historiques, s’imposant notamment deux fois contre les Pays-Bas.

Prise de conscience et changements structurels

Début des années 90, l’Islande connaît une forte croissance économique. La consommation des ménages et les investissements internes s’accroissent. Les clubs islandais étant demandeurs, le gouvernement prend alors en charge la construction de stades couverts (11 aujourd’hui contre un seul en 2002) et terrains extérieurs chauffés - à l’heure actuelle, on dénombre près d’une trentaine de pelouses synthétiques autour de la capitale, Reykjavik. Cette décision influe immédiatement sur les habitudes des jeunes footballeurs locaux : jadis obligés de composer avec des terrains stabilisés (matière sablonneuse) ou en gravier, ils peuvent désormais progresser sur une surface artificielle propice à une bonne pratique du foot - et à une évolution technique et tactique.

Exigence accrue

L’amélioration du niveau moyen de la jeunesse islandaise est également corrélée à un choix fort de la Fédération : depuis plusieurs années, l’instance oblige les clubs à envoyer leurs entraîneurs suivre un cursus UEFA. Cette réforme gouvernementale provoque un engouement sportif – entre 2004 et 2012, augmentation de 6% du nombre de licenciés de foot – mais également un déclic sociétal – baisse de la consommation d’alcool et de tabac chez les adolescents.

Un mentor méconnu

Octobre 2011. Lars Lagerbäck prend la tête de la sélection islandaise. A son actif ? Cinq compétitions internationales consécutives avec la Suède – Euro 2000 à Euro 2008 – et un Mondial 2010 avec le Nigéria. Mais surtout, le sélectionneur suédois a mené les Strakarnir okkar à leur premier tournoi majeur, après un échec in extremis face aux Croates (0-0, 0-2) lors des barrages de la Coupe du monde 2014. Cet entraîneur énigmatique a également permis à l’Islande de faire un bond significatif au classement FIFA (112e avant son arrivée, 34e à l’orée de l’Euro). La conséquence d’un changement de style – fini le kick and rush, place aux contres rapides joués au sol – ayant rapidement porté ses fruits. Le mérite de Lagerbäck ? Avoir réussi à impulser un nouvel état d’esprit à une sélection qui faisait historiquement office de faire-valoir en Europe. Dorénavant, aucun complexe et des préceptes de jeu assimilés – solidité défensive, projection rapide vers l’avant, frappes lointaines - par des joueurs valeureux.

Un vivier limité

En Islande, on ratisse large. 330 000 habitants, près de 20 000 licenciés de foot – dont 7000 femmes -, les choix sont limités. Bien sûr, tous n’ont pas le même niveau. Faute de mieux, les moins talentueux peuvent saisir leur chance. Ils compensent par une mentalité et un dévouement exemplaires. Mais certains joueurs sont rompus aux exigences du plus haut niveau – Kolbeinn Sigthorsson (Nantes), Eidur Gudjohsen (meilleur buteur de l’histoire de la sélection avec 26 buts, ex-Barcelone, Chelsea), Aron Gunnarsson (Cardiff) et surtout Gylfi Sigurdsson (Swansea). Ce dernier est le maître à jouer de l’Islande. Le métronome, le leader technique. Il fait partie de la première génération (joueurs nés en 1988-1990) ayant profité des bouleversements structurels décidés par le gouvernement au début des années 2000. Sa réussite en Premier League – onze buts, trois passes décisives en trente-six rencontres cette saison – devrait conforter l’Etat insulaire dans son projet de structuration globale.