Menu
Libération
Groupe D

La Croatie crée la surprise en battant l'Espagne, 2-1

Les deux équipes sont qualifiées pour les huitièmes mais, du coup, l'Espagne, deuxième, devra se coltiner l'Italie.
Perisic marque le deuxième but croate, synonyme de victoire. (AFP)
publié le 21 juin 2016 à 22h54
(mis à jour le 21 juin 2016 à 23h59)

C’est le charme et le bordel de cette compétition. L’Euro à 24 permet d’avoir des petits pays et leurs supporteurs formidables, mais elle entraîne aussi une règle du meilleur troisième compliquée. Prenons l’exemple du groupe D de ce soir. Au début des matchs, l’Espagne était première avec 6 points, devant la Croatie, 4 points, les deux pays étaient déjà qualifiés. Suivaient la République tchèque, 1 point, et la Turquie, 0. Paradoxalement, en cas de victoires des Tchèques, la Croatie avait presque intérêt à terminer troisième pour éviter en huitième l’Italie et plutôt affronter, probablement, le pays de Galles. A l’inverse, l’Espagne, assurée d’être au pire deuxième, devait plutôt tout faire pour conserver la première place du groupe.

Oui, ça donne un peu mal à la tête et tout le monde n’en avait pas forcément conscience au Matmut Atlantique, à Bordeaux, ce soir. Mais, sur les compos, ça s’est vu. La Roja avait mis en place son onze habituel alors qu’Ante Cacic avait préféré faire tourner. Pas, donc, de Luka Modric, de Marcelo Brozovic ou encore de Mario Mandzukic sur le pré au coup d’envoi.

Des Croates bien là. Pourtant, si Morata ouvre rapidement le score en inscrivant son 3e but de la compèt' à la 7e minute grâce à un bon travail de Fabregas, les débats sont équilibrés. La Roja a du mal à poser son jeu tout en redoublement de passes tandis que la Croatie fait preuve d'une belle agressivité à la récupération et montre qu'elle aussi, techniquement, elle a du ballon. A la 13e, après une belle bourde du gardien De Gea, Rakitic, meneur en l'absence de Modric, manque même d'égaliser. Sa tentative de lob touche la barre transversale et caresse la ligne du mauvais côté.

Les Croates ont en effet alors tout intérêt à tenter désormais de gagner ce match. Au Stade Bollaert de Lens, la Turquie mène 1-0 contre la République tchèque. S’ils ne veulent pas affronter l’Italie, qui fait peur à tout le monde depuis sa victoire contre la Belgique, il va falloir aller au charbon et ramener le canari vivant de la mine. Après plusieurs tentatives infructueuses, c’est chose faite juste avant la mi-temps. Sur un bon centre de Perisic, côté gauche, Nikola Kalinić glisse une amour d’aile de pigeon au premier poteau. 1-1 et on se dit que l’Espagne devra hausser son niveau de jeu en deuxième période si elle ne veut pas aller au-devant d’une méchante surprise.

Une inquiétude légitime. La Croatie continue d'être dangereuse dès le retour des citrons. Ses supporteurs ne s'y trompent pas et sont de plus en plus bruyants. Le jeune milieu offensif Pjaca, 21 ans, est souvent dangereux sur son côté droit tandis que la Roja n'arrive que trop rarement à poser et ralentir le jeu. La sélection aux damiers manque même d'obtenir un pénalty. Finalement l'arbitre ne siffle pas, ce qui semble justifié. En revanche, il penche en faveur de l'Espagne quelques minutes plus tard pour une faute encore moins évidente dans la surface. Heureusement, il y a des petits anges qui murmurent à l'oreille des gardiens. Ce soir, il s'appelle Srna. Informé probablement par Modric et Kovacic, sur le banc ce mardi soir mais partenaires en club de Ramos, le joueur indique à son gardien où le défenseur espagnol aime tirer. Subasic l'arrête, la Croatie peut encore espérer.

A raison ! A la 87e minute, sur une remontée de balle rapide, Perisic la met au fond en trompant De Gea. Les supporteurs croates peuvent exulter. En face, c'est la catastrophe. Sans idées, les Espagnols sont incapables de réagir et paient leurs tergiversations de la partie, entre volonté molle d'attaquer et envie de préserver le nul. Le score en reste là. Ce sont du coup les hommes de Del Bosque qui affronteront l'Italie lors du choc de ces huitièmes de finale. Avec ce qu'on a vu ce soir, ce n'est peut-être pas si mal pour la Squadra azzura d'avoir évité la Croatie. «Nous sommes une équipe très solide. Nous pouvons jouer contre n'importe qui. Il suffit que nous soyons nous-mêmes et ça devrait bien se passer», a confirmé Ante Cacic, en conférence de presse, après la rencontre.

Dans l’autre match du groupe, la Turquie a battu une piteuse République Tchèque, 2-0, et termine troisième de la poule. Elle peut encore espérer se qualifier. Mais il faudra attendre: cette foutue règle des meilleurs troisièmes, encore elle…