La Pologne est la première équipe qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro. Samedi après-midi, elle a terriblement souffert face à la Suisse (1-1), mais s'en est sortie aux tirs au but (5-4). Historique : jusque-là, les Polonais n'avaient jamais passé le premier tour d'un championnat d'Europe. On craignait le roupillon et la rencontre cadenassée, on a eu le plus beau but de la compétition - parole, personne ne le détrônera - et un gardien polonais en état de grâce. Si vous n’avez pas vu le match, rien de dramatique, on vous résume ce qui s'est passé.
Le match. La Pologne a globalement maitrisé en première période, avant d'essayer d'endormir sournoisement la rencontre. Mauvais calcul. Dans les vingt dernières minutes du temps réglementaire, la Suisse a repris les affaires en main. De belles séquences, un magistral coup-franc de Shaqiri aux 25 mètres sorti in extremis par la main de Lukasz Fabianski (il allait tout droit dans la lucarne) et même une frappe sur la barre transversale. Puis, l'égalisation. Hourra : jusqu'à ce moment de la compétition, les Hélvètes jouaient comme s'ils n'étaient pas contents d'être là. Aux prolongations, un second match a commencé, celui où les Polonais, carbonisés et dépassés, ont reculé comme pas possible et décidé d'attendre les tirs au but. Risqué, mais payant. 5-4 au final, grâce à un gros foiré de Granit Xhaka, le milieu de terrain suisse, qui a frappé très fort mais à côté.
Les buts. 39e minute. Contre-attaque de la Pologne, menée par Kamil Grosicki (joker de luxe à Rennes) qui centre pour Jakub Blaszczykowski. La défense suisse est toute molle - c'est son gros point faible - et l'ailier polonais, très en forme, ajuste tranquillement entre les jambes du gardien pour inscrire son deuxième de la compétition. 82e minute: le chef-d'oeuvre. A l'entrée de la surface, Xherdan Shaqiri, le petit milieu offensif tout musclé, hérite d'un ballon à mi-hauteur et réalise un ciseau acrobatique qui finit dans le petit filet, à la gauche du gardien.
Histoire. Il y a quatre ans, la Pologne co-organisait l'Euro (avec l'Ukraine). Elle avait quitté la compétition dès le 1er tour, à la dernière place de son groupe. Ce n'était pas affreux, juste pas au niveau. Oubliez ça. Même si elle a eu du bol face à la Suisse, la Pologne s'est muée en équipe intelligente et ultrasolide (1 seul but encaissé dans cet Euro) qui aurait pu gratter mieux qu'un 0-0 face aux champions du monde allemands au premier tour - qu'ils avaient battus pour la première fois de leur histoire lors des éliminatoires de l'Euro (2-0).
Fabianski. Robert Lewandowski, son buteur, ronfle encore (0 but), mais il est très bien entouré. Mention spéciale pour Jakub Blaszczykowski et Grzegorz Krychowiak, le milieu de terrain de Séville (ex-Reims et peut-être futur joueur du PSG) qui récupère, replace, oriente. Mention très spéciale pour Lukasz Fabianski, qui a réalisé des arrêts fantastiques pendant la rencontre, notamment à la 113e minute sur une tête à bout portant de Derdiyok.
Le beau loser. Depuis quatre ans, Xherdan Shaqiri, 24 ans, est attendu chaque fois que la Suisse joue. Il est rapide, endurant et facile avec le ballon. Comme c'est un peu quand il veut, le milieu offensif de Stoke City (passé par le Bayern Munich) déçoit souvent, comme face à l'équipe de France lors du premier tour. Mais face à la Pologne, il a régalé. Juste dans ses prises de balles, tout le temps en mouvement et magique sur son but : la classe. Si seulement il gagnait en régularité (et changeait sa photo de profil sur Twitter).
La stat. 22 tirs au total en première période, soit le plus gros total sur une mi-temps dans un Euro depuis 2004. 48 au coup de sifflet final.
Remerciements. A l'inventeur du copié-collé qui nous a évité quelques galères avec les noms et prénoms polonais.