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Le PSG mise sur Unai Emery, un artisan qui gagne

L'arrivée de l'entraîneur du FC Séville, qui vient de remporter trois Ligues Europa, à la place de Laurent Blanc a été officialisée ce mardi.
Unai Emery, alors sur le banc du FC Séville, le 18 mai. (Photo Javier Soriano. AFP)
publié le 28 juin 2016 à 16h52

L'Espagnol Unai Emery, 44 ans, est le nouvel entraîneur du Paris-Saint-Germain. Son nom circulait depuis plusieurs semaines, il a été confirmé ce mardi, au lendemain de l'annonce officielle du départ de Laurent Blanc. L'objectif est très clair : faire en sorte que le PSG ne perde plus ses moyens quand il s'agit de passer un cap en Ligue des champions. Car la Ligue 1 et le reste des affaires locales, c'est bon maintenant. Le club de la capitale reste sur quatre éliminations en quarts de finale, dont la dernière sans vraiment jouer – un «aller-retour» de cancres contre un petit Manchester City. Emery, lui, vient de remporter trois Ligue Europa. Des desseins qui coïncident : dans cette affaire, toutes les parties ont envie de voir un peu plus haut. La confirmation aussi que lorsque Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, évoquait début juin «de gros changements» et «un nouveau cycle», le timing n'était pas anodin.

Le technicien basque est une espèce de MacGyver qui, à Seville, a gagné avec les moyens du bord. Dans son équipe, six anciens pensionnaires de Ligue 1 – dont Kevin Gameiro, un ex du PSG – et aucune star du calibre de celles qu’il trouvera à Paris. Juste une équipe hybride, pas assez costaude pour aller loin dans la grande Coupe d’Europe mais au-dessus pour la petite. Depuis l’arrivée d’Emery en janvier 2013, le club andalou, spécialiste des plus-values sur le marché des transferts, a disputé six finales. Chaque fois qu’il a perdu à ce stade, c’était soit contre le Barça (deux fois), soit contre le Real Madrid – les monstres. On misait sur un entraîneur qui n’a plus rien à prouver pour remplacer Laurent Blanc, dès le départ «choix par défaut» condamné à être constamment en sursis. Voilà que les Qataris investissent sur un artisan qui fait progresser et grimper la valeur de ses joueurs – la marque des très bons – mais sans jamais avoir eu à gérer un gros vestiaire. Pari intéressant.

GoPro à l’entraînement

Emery, avec sa coupe de pédiatre, est unanimement décrit comme une bête de boulot, ultra-rigoureuse et méticuleuse. Un passionné toujours à la limite de l’hystérie sur le banc, réputé pour son appétit pour les vidéos, même celles tournées en troisième division – où il a commencé sa carrière d’entraîneur en 2004, à Lorca. Il filme des entraînements avec une GoPro pour les revisionner. Joaquin, son ancien attaquant à Valence, se marrait récemment à la télé espagnole en racontant qu’il avait tellement bouffé d’images avec lui qu’il ne lui restait jamais assez de pop-corn à la fin des séances. 

Avec Valence (2008-2012), le Basque finit trois fois sur le podium – en dépit des grosses galères économiques du club – sans jamais aligner deux fois consécutivement la même composition. Ses équipes jouent haut, ses arrières latéraux encore plus et son duo de récupérateurs au milieu évolue comme un mur qui bouge, souvent dans son système préféré, le 4-2-3-1. Un bloc agressif, avec des joueurs très malicieux devant, à l'image de Kevin Gameiro cette saison. Le journaliste Miguel Canales étaye dans la revue Extra Semanal : «D'un point de vue tactique, ce qui définit le mieux Emery, c'est l'adaptabilité. Par adaptabilité, j'entends sa capacité à créer des équipes qui maximisent le potentiel de ses joueurs.» En cours de match, il ajuste si besoin. Si un milieu droit doit finir quelque part à gauche parce qu'il pense que ça peut aider, pas de problème.

Stage à l’étranger

Dans sa carrière d’entraîneur, un seul échec : son exil au Spartak Moscou, en Russie, où il se fait virer quelques mois après son arrivée. Une sorte de stage à l’étranger, où des résultats décevants et une sortie en très charmante compagnie, après une défaite dans un derby, ont fini par avoir sa peau. Des déboires qui paraissent insignifiants devant la hype qu’il suscite : le football espagnol rafle tout en Europe et Emery fait partie des gagnants. Depuis 2000, les clubs ibériques ont raflé huit Ligues des champions et huit Ligues Europa. La Liga est le championnat le plus technique du monde, avec de nombreux entraîneurs débrouillards, offensifs et surtout, ambitieux.