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Libération

Un «tonglier» abattra-t-il les Bleus ?

Un sélectionneur crispé, une sombre histoire d’infidélité… Avant son quart contre l’Islande dimanche, l’équipe de France semblait fébrile.

Publié le 01/07/2016 à 20h21

Opposés à la sélection islandaise dimanche à Saint-Denis en quart de finale de l'Euro (à 21 heures sur TF1), les Bleus sont apparus bouillonnants depuis quelques jours. Pas facile de s'y retrouver. Jeudi, le seul entraînement de la semaine ouvert à la presse a menacé de tourner au carnage. On n'exagère pas. Le sélectionneur Didier Deschamps a allumé dans tous les coins : «Dis, tu t'y mets, maintenant ?» entendu à la volée. Sans surprise, Paul Pogba a été l'objet privilégié de son courroux. Conséquemment, l'opposition qui a conclu l'affaire a été d'une rudesse à peine croyable dans le contexte d'une équipe que l'on devine usée (donc vulnérable aux blessures) par trois semaines de compétition, le défenseur Patrice Evra se retournant quatre doigts après s'être fait marcher sur la main par Pogba.

Ex-meilleure amie. Du Deschamps en situation : une piqûre d'adrénaline à même la jugulaire pour être tout à fait sûr que les joueurs ne prennent pas leurs adversaires islandais pour des pêcheurs au grand large mâtinés de joueurs de guitare. Enfin non, il ne sera jamais tout à fait sûr : c'est le charme de cette équipe-là, et on mesure en interne le degré d'épuisement d'un coach qui doit occuper tous les fronts en même temps - y compris le front virtuel, ce qui multiplie potentiellement le niveau d'emmerdements par mille.

Dans le genre, l'affaire de la semaine est délicate. Un joueur s'est fait tordre sur Instagram par son ex-femme, qui n'a pas avalé d'avoir vu le père de ses enfants lui préférer sa meilleure amie à elle - ou plutôt son ex-meilleure amie, si l'on comprend bien : «Je préfère être "cadavérique et ridée" plutôt que de ressembler à un tonglier, un mélange de thon et de sanglier.» Un «tonglier» ! Voilà qui laisse augurer d'une fragilité ponctuelle du joueur, celui-ci étant par ailleurs l'une des clés du système en 4-3-3 (quatre défenseurs, trois milieux, trois attaquants) que Deschamps juge plus sûr, mais qu'il a jeté par la fenêtre au bénéfice d'un 4-2-3-1 et d'un Antoine Griezmann replacé dans l'axe (ce que le Madrilène préfère) à la mi-temps du match contre l'Irlande en huitième. En démoralisant un milieu tricolore, le coup du tonglier va-t-il faire la bonne fortune de Griezmann ? C'est l'histoire du sport : les échafaudages les plus risqués reposent toujours sur un détail. Ou un mensonge.

«On sait». De service médiatique, Evra s'est livré à un numéro d'illusionniste, le constellant de punchlines («on n'est pas fatigués, on est des fous») qui font tiquer celui qui fait profession d'exhumer sinon la vérité de ce groupe, du moins un morceau. Plutôt rétif à l'expression publique, son coéquipier Bakary Sagna a été plus précis. Les longues touches islandaises dans la surface de réparation adverses ayant déjà permis aux Nordiques de mettre deux buts dans la compétition, sont-elles le symbole de cette fraîcheur un peu fruste qu'on accole aux productions de Gylfi Sigurdsson et compagnie ? «Oh… On sait. Ils sont très mobiles, ils mettent de nombreux joueurs sur ces phases-là… On n'est pas inquiets, il suffira de montrer que l'on sait défendre. Ils savent vraiment jouer, sinon.» Les Bleus ne sont pas aveugles. Après, ce n'est pas le tout d'y voir clair.