Il y a les heures d’avant, celles où tout est encore possible, et où l’ambiance monte. Les minutes pendant. Et le triomphe des vainqueurs quand les Portugais obtiennent la victoire au bout de la nuit. Fragments d’une journée de finale.
France-Portugal : 13-3
Nice, 15 heures. «Comme à la télé», tout a commencé par les hymnes et s'est terminé par un clapping. Les Français s'imposent 13 à 3. Six heures avant la finale sur le bitume de la promenade des Anglais, deux équipes amateurs anticipent la rencontre. «L'histoire va se répéter. Ce soir, l'écart ne sera pas aussi grand, mais on va gagner», espère Valentin. «Ce soir on gagne», assure Didier sous son maillot portugais.
«Comme si on jouait»
Paris, 16 h 55. Maillot, écharpe et drapeau du Portugal. Christopher, 25 ans, a des places pour le Stade de France. Une journée dédiée à son pays d'origine, une fierté. «C'est de l'émotion de soutenir le Portugal, c'est comme si on jouait aussi, tu passes par du bonheur, de la colère aussi !»
Les Champs chauffent
Paris 17 h 30. Entre shopping et balade, les supporteurs viennent mettre l'ambiance sur les Champs-Elysées. Farid, Karim, Mohamed et Karim, la trentaine, sont arrivés «grave en avance». Ce soir, ils regarderont le match au George-V : «C'est plus tranquille que la fan-zone et il y a aussi un grand écran», explique Farid. Ils craignent des débordements à la fan-zone : «On aime regarder le match au calme.»
Super ambiance
Rennes, 18 h 15. Place des Lices. Malgré une petite pluie fine, la température est montée d'un cran. Sur les terrasses bondées, on regarde une rétrospective du parcours des Bleus. Dans une rue adjacente, le son des vuvuzelas se mêle à la musique tonitruante que crachent les enceintes d'un bar. Un barman savoure par avance : «Il n'y a que le foot pour attirer autant de gens, explique-t-il. Avec une super ambiance. »
Fan-zone au complet
Paris, 19 h 30. La fan-zone est déjà «saturée». Beaucoup restent devant les entrées en espérant que les portent s'ouvrent. Des premiers mouvements de foule et affrontements avec la police débutent alors que des supporteurs continuent de sortir des métros. D'autres rebroussent chemin en quête d'un plan B. Marc, 33 ans, les yeux rivés sur son portable : «Je fais le tour de mes contacts pour trouver une autre option, mais je sens que je vais finir dans un bar du quartier.»
3-1, 1-0 ou 3-0 ?
Paris, 20 h 30. Attablées en terrasse d'un café de la rue du Faubourg-du-Temple (Paris Xe), Ida, 25 ans, Dom, 48 ans et Marion, 30 ans, ont toutes des pronostics différents, mais toujours en faveur de la France : 3-1, 1-0, 3-0. Les trois femmes, drapeaux bleu-blanc-rouge peints sur les joues, ont voulu suivre le match en terrasse parce qu'«Ida aime bien les terrasses», rigole Marion en montrant la jambe dans le plâtre de son amie. On ne comprend pas immédiatement la blague, alors Marion précise : Ida était en terrasse, à la Belle Equipe, le soir du 13 Novembre.
«C’est foutu…»
Conflans (Yvelines), 21 h 20. Jorge Marques, secrétaire général du Club portugais de la ville, se désole en voyant Cristiano Ronaldo quitter le terrain sur une civière : «C'est foutu. Ronaldo, c'est un gars qui a une grande influence. C'est un monsieur, il a quand même trois ballons d'or, sa parole compte beaucoup sur le terrain. L'équipe du Portugal sans Ronaldo, c'est plus la même. C'est comme Barcelone sans Messi.»
Tensions
Paris, 21 h 50. Alors que c’est la mi-temps au Stade de France, des affrontements éclatent aux abords de la fan-zone au pied de la tour Eiffel avec des supporteurs qui n’ont pu entrer. Certains d’entre eux lancent des projectiles vers les forces de l’ordre, qui répliquent avec gaz lacrymogènes et canon à eau.
Pessimisme
Conflans, 22 h55. Au milieu des supporteurs portugais, un homme, pessimiste, lâche, alors que les deux équipes se lancent dans la prolongation : «Ça va aller aux tirs au but et la France va gagner.»
Stations fermées
Paris, 23 heures. «A la demande de la préfecture de police, les stations George-V et Champs-Elysées-Clemenceau sont fermées au public, les trains ne marquent pas l'arrêt», entend-on dans le métro.
La joie portugaise
Paris, 23 h 25. Le match n'est pas encore terminé mais après l'ouverture du score d'Eder en prolongation, quelques Portugais font déjà exploser leur joie sur les Champs-Elysées. Des bars sortent les premiers «on a gagné, on a gagné !» Au coup de sifflet final, les fans des Bleus réfugient leurs yeux tristes dans leurs téléphones portables tandis que les supporteurs de la Selecção commencent à affluer sur l'avenue. La nuit est à eux.