La Ligue de basket nord-américaine est passée à l’acte. Le 23 mars, la Caroline du Nord a promulgué une loi obligeant les citoyens à utiliser les toilettes correspondant à leur genre biologique, ce qui discrimine de fait les transgenres. La Ligue et son leader, Adam Silver, avaient alors menacé de délocaliser le All Star Game 2017, vitrine de la Ligue américaine et qui devait se tenir en février à Charlotte, plus grande ville de l’Etat. Michael Jordan (qui possède les Hornets, l’équipe locale) et Magic Johnson, notamment, sont montés au créneau contre cette loi largement contestée. La ministre de la Justice en personne, Loretta Lynch, a tenté début mai de faire pression sur le gouverneur pour qu’il retire le texte. En vain. La sentence est donc tombée : le All Star Game va déménager.
L'ancien joueur NBA Jason Collins, premier basketteur à avoir fait son coming-out, a publiquement apporté son soutien à cette décision «qui montre que les discriminations ne sont pas les bienvenues dans notre sport et qu'elles ne sont pas acceptables dans notre société». Le Most Valuable Player de la saison régulière, Stephen Curry, né dans l'Ohio mais qui a passé une grande partie de sa jeunesse en Caroline du Nord, s'est dit quant à lui déçu, tout en «comprenant évidemment la décision de la NBA». Autre joueur du coin, Chris Paul, le meneur de jeu des Los Angeles Clippers, est sur la même ligne : «C'est dur. La Caroline du Nord, c'est chez moi… Mais parfois, les choses doivent être faites. C'est comme ça.» L'acteur principal de l'intersaison, Kevin Durant, a, lui, appuyé la décision.
Pour l’heure, c’est la Nouvelle-Orléans qui est favorite pour récupérer l’organisation. Un choix qui peut paraître surprenant puisque ce serait la troisième fois en moins de dix ans que la ville de Louisiane accueillerait cette compétition.
La décision de la NBA, radicale compte tenu des infrastructures et de l'argent en jeu - l'annulation devrait coûter 100 millions de dollars (91 millions d'euros) à la Caroline du Nord -, est néanmoins logique au vu de la volonté de la Ligue, comme de la plupart des ses stars, de s'engager pour des causes qui dépassent le cadre du basket. Ainsi, fin 2014, nombre de joueurs avaient porté des tee-shirts «I can't Breathe» contre les violences policières envers les Noirs, après le décès d'Eric Gardner. La semaine dernière encore, à Los Angeles, Carmelo Anthony, LeBron James, Chris Paul et Dwyane Wade ont délivré un message contre ces mêmes violences.