Menu
Libération
Merci de l'avoir posée

Quels recours pour les sportifs russes exclus des JO ?

Ils pourraient réclamer des dommages et intérêts devant des tribunaux civils.
La perchiste Insinbayeva fait partie de ceux qui veulent contester leur exclusion devant la justice civile. (Photo Jewel Samad. AFP)
publié le 5 août 2016 à 13h09

Au-delà des questions diplomatiques, politiques et économiques concernant l’exclusion de 118 sportifs russes des JO, la problématique juridique existe aussi. A l’échelle du droit, on ne trouve aucune jurisprudence car ce scandale de dopage d’état est inédit. Fin juillet, le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne, avait rejeté l’appel de 67 athlètes russes qui contestaient leur suspension d’office par l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF). Motif de leur recours : ils ne souhaitaient pas payer pour leur fédération – suspendue depuis novembre 2015, largement compromise dans cette affaire de triche – en arguant qu’ils étaient propres.

Pour Pierre Morath, historien du sport, la suite risque de se passer devant d'autres juridictions : «Les sportifs, qui n'ont pas directement été pris la main dans le sac et empêchés d'aller à Rio, vont engager des poursuites devant les tribunaux civils pour réclamer un maximum de dommages et intérêts.» Pour Pierre Lagrue, spécialiste de l'olympisme, le Comité international olympique (CIO) a créé la «présomption de culpabilité». «Pour l'athlétisme, ça peut se justifier car c'est associé à de la corruption (les athlètes devaient payer pour que leurs contrôles positifs soient effacés). Pour les autres disciplines, c'est plus discutable. Les athlètes russes suspendus pour dopage n'ont pas le droit de participer, même s'ils ont purgé leur peine. Par exemple, l'Américain Justin Gatlin, suspendu quatre ans pour dopage, pourra participer. Pourtant, il court plus vite que lorsqu'il était dopé…»