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Libération
JO 2016

Un quart et pas de quartier pour les handballeuses françaises

Jeux olympiques de Rio 2016dossier
publié le 15 août 2016 à 20h01

Sacrée équipée que celle des Bleues lors du tournoi olympique de hand, dont elles disputeront les quarts de finale ce mardi face à la sélection espagnole : une embardée partie dès le départ sur des bases de revanche, d’intrigues, d’affaires de cœur et de guérilla souterraine menée sur les réseaux sociaux.

Au mois de juin 2013, après quinze années (un record) à la tête de l’équipe de France de handball, Olivier Krumbholz est limogé ; on y était et on garde le souvenir d’un homme au bord des larmes, n’y comprenant rien. Le timing interrogeait : dix mois après l’échec (défaite en quarts) aux Jeux de Londres, c’était ou trop tard ou trop tôt, et il fallait y voir le poids des joueuses même si, couvertes par la fédération, elles sont prudemment restées dans l’ombre.

Psyché. Janvier 2016 : revoilà Krumbholz (57 ans) en sauveur de la sélection en péril, le seul à pouvoir reprendre au débotté le manche d'une équipe mâchée par les intrigues. En cause : une fâcheuse affaire qui a eu raison d'Alain Portes, son successeur, englué dans une histoire (ou prétendue histoire) de cœur avec une soigneuse de la sélection, soigneuse elle-même en couple avec une internationale tricolore - et non des moindres.

Alors voilà : Krumbholz est revenu, mais celles qui ont eu sa peau sont là. Ce qui pose la question rétrospective de sa mise à l'écart. Les filles lui ont-elles trouvé des limites ? Son management, disons à l'ancienne, leur a-t-il déplu ? Quelle est la perception de Krumbholz de lui-même ? Croisé avant la compétition, le Mosellan a plus ou moins répondu à cette dernière question : «On essaie [il inclut son staff, revenu avec lui, ndlr] d'être partenaires avec les joueuses. D'être moins dans la violence relationnelle.»

Chassez le naturel… quelques minutes plus tard, le sélectionneur pestait contre l'entraînement de l'après-midi, l'attitude «minimaliste» de certaines joueuses, gâchant à son idée - attention, c'est subtil - non pas les repères collectifs, qu'on imagine de fait calés au fil des mois, mais la psyché de la sélection : «Plus on approche de la compétition, plus une équipe a besoin de se rassurer quand elle s'entraîne. Les filles ont une appréhension avant un événement pareil. Elles ont besoin de réponses claires.»

Ces réponses sont tombées depuis dix jours, et elles vont dans le sens d’une montée en charge, à la fois collective - victoires contre les Suédoises, les Sud-Coréennes et surtout les Néerlandaises, pour une seule défaite d’un but face aux Russes - et individuelle, les Bleues recelant en leur sein deux des meilleures joueuses de la planète : Alexandra Lacrabère et Siraba Dembélé. Il y a plus.

Féroces. Elue deux fois joueuse de l'année en 2009 et 2011, Allison Pineau nous expliquait qu'elle n'avait jamais autant ressenti le respect et la considération de ses équipières que lorsqu'elle était revenue d'une grave blessure, la saison passée : loin de l'image de Bisounours parfois propagée quand il s'agit de handball féminin, on se retrouve avec des filles qui sont dures, entières, féroces entre elles et avec les autres. Krumbholz en a d'ailleurs fait l'amère expérience en 2013, mais il sait que c'est de ce bois-là dont sont faites les championnes olympiques, en France comme partout. Le terrain dira le reste.