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Libération
Synthèse

Rio, jour 11 : les Français cherchent des titres

Jeux olympiques de Rio 2016dossier
Des médailles mais pas en or, des larmes, des retours improbables… retour sur un mardi bleu.
Dimitri Bascou en compagnie d'Omar McLeod et Orlando Ortega à l'arrivée du 110 m haies des Jeux de Rio, le 16 août 2016 (Photo OLIVIER MORIN. AFP)
publié le 17 août 2016 à 7h46

Renaud Lavillenie hué par le public et en larmes sur le podium : l'image restera comme une des plus fortes de ces JO de Rio, alors que les Bleus, comme leur «Napoléon» de la perche, collectionnent les podiums mais peinent à trouver de l'or, à l'image de Dimitri Bascou, 3e du 110 m haies. Le «Clermontois volant» paie sans doute ses déclarations maladroites de lundi soir, quand il avait comparé les sifflets le visant, lors de ses derniers essais face au Brésilien Thiago Braz, à ceux qui avaient atteint le sprinter noir américain Jesse Owens, lors des JO 1936 de l'Allemagne nazie.

Mais l'homme a été touché, profondément, quand ces sifflets ont repris, mardi soir, à l'heure de venir collecter sa médaille. «C'est ignoble […] un manque total de fair-play», a regretté, quelques minutes plus tard, le recordman du monde : «Et je tiens à préciser que le Brésilien [Braz, le champion olympique, ndlr] n'y est pour rien. Mais je ne veux pas rester là dessus», a insisté Lavillenie.

L'affaire a choqué. En témoigne le soutien apporté aussitôt au perchiste français par Sebastian Coe, le patron de l'athlétisme mondial, Serguei Bubka, le tsar de la perche ukrainien, et Thomas Bach, le patron du Comité international olympique, qui a parlé de «comportement de «comportement inacceptable» sur Twitter.

JO 2016 : tableau des médailles au mercredi 17 août

Cinq nouvelles médailles

Sa revanche, Dimitri Bascou aussi la voudra. Troisième mardi soir en 13"24, devant son compatriote Pascal Martinot-Lagarde, il n'est pas le nouveau Guy Drut, le dernier hurdler français champion olympique, à Montréal, en 1976. Une course remportée par le Jamaïcain Omar McLeod (13"05) et l'Espagnol Orlando Ortega (13"17).

Comme Lavillenie, l’équipe de France a donc encore raté l’or mardi mais a collecté cinq nouvelles médailles, avec, en prime deux incroyables qualifications des filles du hand et du basket pour les demi-finales : les premières après une remontée improbable contre l’Espagne, vice-championne d’Europe en titre, et une victoire 27-26 en prolongation ; les secondes au bout du suspense contre les Canadiennes (68-63). La marche sera plus haute en demi-finale : les Pays-Bas, vice-champions du monde, pour les handballeuses, et les Américaines pour les basketteuses,

Côté médailles, l'argent de Mélina Robert-Michon au lancer du disque (photo AFP), le bronze de Marc-Antoine Olivier, au 10 km en eau libre, face à la plage de Copacabana, ou les deux nouvelles médailles des boxeurs, avec l'argent de Sofiane Oumiha et le bronze de Mathieu Bauderlique portent le total bleu à 29. Mais il n'y a pas eu de 8titre olympique français depuis celui des épéistes dimanche.

Mekhissi-Benabbad pour un triplé historique

Mais la chance pourrait tourner, pour un certain Mahiedine Mekhissi-Benabbad pourquoi pas. Double vice-champion olympique du 3 000 m steeple, il disputera mercredi la course de sa vie, à la quête du Graal olympique face à ses éternels rivaux kényans. Une troisième médaille olympique en autant de Jeux serait un exploit qu’aucun athlète français n’a encore réalisé.

Si les boxeurs ont d’ores et déjà réussi leurs JO, avec six médailles assurées, et trois titres encore en ligne de mire, d’autres les ont totalement ratés, et notamment les pistards, partis de Rio mardi avec une seule breloque, en bronze. Le pire bilan du cyclisme sur piste français depuis vingt-quatre ans.

Encore le dopage russe

Moins de quarante-huit heures après son troisième titre olympique d’affilée sur 100 m, Usain Bolt s'est lancé à la conquête de la deuxième étape de son triple-triple, trois victoires sur trois JO consécutifs sur 100, 200 et au relais 4x100 m. Et il a réglé sa course en 20"29, sourire aux lèvres, sans forcer.

Hasard de la programmation, Bolt, présenté comme le «sauveur» de l’athlétisme gangréné par les affaires et le dopage, est revenu en scène le jour où y est entrée la sauteuse en longueur Darya Klishina.

D’abord exclue, comme tous les athlètes russes, puis repêchée et à nouveau exclue par la Fédération internationale (IAAF), elle a été réintégrée sur injonction du Tribunal arbitral du sport (TAS) dans la nuit de dimanche à lundi. Présente sur le sautoir de la longueur, elle est donc bien l’unique Russe présente dans les épreuves d’athlétisme, les 67 autres, dont la tsarine de la perche Yelena Isinbayeva, ayant été balayés par le scandale du dopage d’Etat russe révélé par l’Agence mondiale antidopage. Et elle s’est qualifiée pour la finale mercredi.

En attendant, le dopage russe a encore fait parler de lui mardi par ses errements passés. Dans un communiqué, le Comité international olympique a en effet annoncé le retrait à la Russie de sa médaille d’or en athlétisme des Jeux de… Pékin, sur le relais 4x100 m féminin. La faute à une des quatre relayeuses, révélée posititive après une nouvelle réanalyse de son échantillon de l’époque.

La chasse aux dopés prend du temps, mais elle attrape parfois des gros poissons dans son filet. De quoi faire trembler certains des vainqueurs de Rio, qui pourraient donc tomber d’ici huit ans, juste avant les JO 2024 de Los Angeles, Rome, Budapest ou… Paris.