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Libération
Récit

Pour les handballeurs français, vivre et laisser mûrir

Jeux olympiques de Rio 2016dossier
Les deux équipes ne se sont plus croisées depuis plus de trois ans : les handballeurs français et allemands s'affrontent ce vendredi à 20h30 pour les demi-finales des Jeux olympiques de Rio.
La joie des handballeurs français après leur succès face aux Brésiliens, en quarts de finale, lors des JO de Rio, le 17 août (Photo Javier Soriano. AFP)
publié le 18 août 2016 à 20h21

Très grand rendez-vous ce vendredi pour l'équipe de France de handball : l'Allemagne, mère patrie du jeu, championne d'Europe en janvier à l'issue d'un tournoi sur lequel les Experts avaient plus ou moins fait l'impasse. Une Allemagne qui fait envie, portée par une jeune génération - Rune Dahmke, Erik Schmidt, Hendrik Pekeler - qui lui donne une énergie et «une force dans les duels» (dixit l'ailier français Luc Abalo) laissant augurer d'une réplique XXL sur le parquet.

A entendre les intéressés, les handballeurs tricolores, champions olympiques en 2008 et 2012, traversent ces Jeux en marge, loin de l'agitation : «On est encadré par des joueurs qui savent ce qu'il faut faire et ne pas faire, témoigne Adrien Dipanda, plutôt jeune dans le groupe malgré ses 28 ans. Du coup, c'est sûr qu'on ne vit pas les mêmes Jeux que les autres. Il y a ce qui se passe sur le parquet, que vous voyez, et ce qui se passe en dehors. Je vous assure que c'est au moins aussi important.»

Il  n’est pas rentré dans le détail : pas question de franchir la ligne rouge établie par les cadres, une ligne que l’on franchit quand on nomme un joueur, un lieu, un moment. En revanche, ça ne coûte pas grand-chose de remonter le temps - il y a prescription - et d’éclairer à rebours la genèse d’une sélection tricolore qui s’est en partie construite sur un échec, la fameuse demi-finale du championnat du monde 2007 perdue contre les Allemands à Cologne par des Bleus qui avaient mis en cause l’arbitrage avant de lâcher le match pour la troisième place, un truc qui n’arriverait plus.

Le  sélectionneur de l'époque et d'aujourd'hui, Claude Onesta, s'est offert mercredi un retour dans le temps, ce qui contextualise aussi leur tournoi à Rio. «D'habitude, quand on perdait, je me faisais défoncer dans la presse, a-t-il expliqué. Après la demi-finale de 2007, ça a été le contraire, les gens parlaient de l'arbitrage, ils me plaignaient. J'ai trouvé ça agréable pendant trois jours. Puis, j'ai compris que j'étais en train de tomber dans le panneau. Et on a remis tout en chantier, avec l'idée d'être assez fort pour ne plus subir l'environnement, les arbitres, le public… On existait alors par la défense. L'accent a donc été mis sur le jeu rapide [on attaque dès la récupération du ballon, avant que l'adversaire se replace, pour inscrire des buts faciles, ndlr] en démontrant aux joueurs à travers des montages vidéos que les autres avaient de l'avance là-dessus. On s'est fait mal, statistiques à l'appui. Par définition, le joueur croit qu'il fait tout bien, il faut lui prouver le contraire si vous voulez déclencher une prise de conscience. Ainsi, on l'a responsabilisé, en l'intégrant au processus de réflexion. Le fait d'associer les joueurs à la gestion de l'équipe est parti de là, et nous a fait basculer vers cette étape de domination.» Domination qu'il s'agira de prolonger vendredi.

France-Allemagne Demi-finale vendredi à 20 h 30.