A trois jours de leur clôture, les JO continuent de s’embourber dans le dopage, la corruption, les faits divers ridicules. Et il fallait bien un 200 m historique pour retrouver un peu d’optimisme.
Bolt, que seule la science-fiction semble pouvoir cerner, s'est imposé avec fluidité mais un peu plus de concentration qu'à l'accoutumée, devant le Canadien André de Grasse, comme sur 100 m. Il est désormais à deux doigts du «triple-triple» jamais réalisé auparavant : l'or sur les 100 m, 200 m et 4x100 m, sur trois JO consécutifs. D'autant que ses partenaires n'ont pas eu besoin de lui pour se qualifier en demi-finale du 4x100. Dans un sport gangrené par les tricheurs, sa longévité, ses résultats et son sens du spectacle lui assurent une starification absolue, totale. Il le sait. «J'essaie d'être l'un des plus grands. Être avec (Mohammed) Ali et Pelé. J'espère que je serai entre ces deux après les Jeux», a-t-il déclaré.
Mais la vraie surprise est venue d'un outsider qui n'avait pas couru très vite cette saison. Lemaitre, 26 ans, s'est octroyé une médaille de bronze sur sa distance de prédilection. Une première en France depuis Rome, en 1960. Il avait déjà décroché le bronze des Championnats du monde 2011 à Daegu (Corée du Sud) sur cette épreuve. Mais depuis, il n'était descendu qu'une seule fois sous les 20 secondes. «Ces deux dernières années ont été très dures. Là c'est un nouveau moi qui renaît, c'est une résurrection», a-t-il estimé.
L’ancien record de France pulvérisé
Double surprise, double exploit. Kevin Mayer (photo AFP) a glané lui aussi une exceptionnelle médaille, d'argent cette fois, au décathlon. Il talonne l'Américain Ashton Eaton, qui a conservé son titre et dans les bras duquel le Français est tombé dès la dernière épreuve terminée, le 1 500 m. Le Français de 24 ans a terminé les dix épreuves en pulvérisant l'ancien record de France de Christian Plaziat, qui datait de 1990.
Mayer et Lemaitre rapportent ainsi à la France ses cinquième et sixième médailles d'athlétisme à Rio, son meilleur total depuis 1948. Et au passage, Mayer a battu quatre records personnels (100 m, poids, 400 m, perche). «J'ai travaillé 4 ans pour faire tous ces records», a-t-il déclaré.
34 médailles, 8 en or
Lajournée a été globalement faste pour le team France. Après une victoire en quarts face à la sélection espagnole, les handballeuses ont battu les Pays-Bas sur le fil (24 - 23), grâce à une énorme performance de leur gardienne remplaçante, Laura Glauser. Les voilà en finale pour la première médaille olympique de leur histoire.
Ce fut comme prévu plus dur pour leurs copines du basket. Les «Braqueuses» ont perdu (86-67) contre les toutes puissantes Américaines et affronteront la Serbie samedi pour le bronze.
A noter aussi le bronze de la voile en 470, pour Camille Lecointre et Hélène Defrance.
Vincent Luis n’est lui pas parvenu à rapporter au triathlon français sa première médaille olympique après une course remportée par le Britannique Alistair Brownlee. En relais 4 x100 m, ni les filles ni les garçons ne se qualifient pour la finale. Déception également en BMX : le Français Joris Daudet, qui visait une médaille d’or après son titre de champion du monde cette année, a été éliminé dès les quarts de finale.
En tout, les Bleus ont donc désormais récolté 34 médailles, dont 8 en or. Six breloques sont assurées en boxe - Sarah Ourahmoune s'est qualifiée pour la finale olympique des moins de 51 kg en battant en demi-finale la Colombienne Ingrid Valencia - et une en hand féminin, dans un métal encore à déterminer. S'ajoute une belle option pour les experts du hand masculin, en demie contre l'Allemagne vendredi.
Le cap des 35 de Londres est désormais sûr d’être dépassé. Le record de Pékin et ses 41 breloques n’est même plus si loin…
Splendide soirée donc, après une journée qui avait franchement tourné vinaigre. La petite histoire retiendra que l’haltérophile kirghize Izzat Artykov, médaillé de bronze (- 69 kg), est le premier médaillé de Rio exclu pour dopage.
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Un trafic de billets et une cuite qui a mal tourné
Côté institutions, le scandale est venu d'un haut responsable irlandais du Comité international olympique (CIO), arrêté mercredi pour revente illégale de billets pour les Jeux. Agé de 71 ans, Patrick Hickey a démissionné de toutes ses fonctions. En jeu, un trafic qui aurait généré une recette «d'au moins 10 millions de réais (2,8 millions d'euros)». Il a passé trois heures à l'Institut médico-légal de Riojeudi avant d'être transféré en un lieu inconnu.
Et comme si cela ne suffisait pas, quatre nageurs américains, dont le sextuple médaillé d'or olympique Ryan Lochte, se sont empêtrés dans une affaire d'agression qui relevait en réalité d'une simple cuite qui a mal tourné.
Ils avaient prétendu avoir été agressés dans la nuit de samedi à dimanche en sortant du Club France, où les Tricolores fêtent leurs médailles. Mais ce dont il fut question est une banale rixe entre une bande d'ivrognes et le vigile d'une station-service. «Ils ont commencé à pisser partout […] On leur a dit d'aller aux toilettes, mais ils ont pissé sur le mur», a relaté un pompiste à un site du groupe Globo. «Les athlètes n'ont pas été volés» et «les images de vidéosurveillance ne montrent aucun type de violence à leur égard», a tranché le chef de la police en guise de conclusion de ce piteux dossier. Ils sont repartis dans la soirée aux Etats-Unis, où les réseaux sociaux devraient continuer un moment de leur faire payer leur mensonge.