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Analyse

Handball : pour les Experts, le compte n’y est pas

Jeux olympiques de Rio 2016dossier
Les Bleus, qui visaient un triplé, se sont inclinés en finale contre le Danemark. Logiquement.
Nikola Karabatic à la lutte avec le Danois Larsen (Photo Damir Sagolj. Reuters)
publié le 21 août 2016 à 21h21
(mis à jour le 21 août 2016 à 21h21)

Les Bleus ne sont plus champions olympiques de hand. Et l’affaire a été scellée par le plus beau joyau que la France ait jamais eu dans la discipline, Nikola Karabatic, auteur d’un marcher à une minute du terme (+ 2 à cet instant) qui a mis sur orbite (28-26 au final) une formation danoise qui a été aux commandes tout le match. Difficile, à ce stade, de mettre en cause le fonctionnement d’une sélection tricolore - cooptation, pouvoir aux joueurs cadres, impression d’entre-soi - deux fois championne olympique (2008, 2012) et trois fois championnes du monde depuis 2006 pour une finale olympique perdue.

Surnombre. Reste qu'on a vu de l'usure dimanche. Et pas que. Si l'on s'attache au jeu, ce tournoi olympique aura consacré une stratégie qui a toutes les chances de tenir de la véritable révolution : la sortie du gardien en phase offensive pour faire rentrer un joueur de champ supplémentaire, autorisée depuis le 1er juillet, et qui permet de bénéficier d'un surnombre offensif. Une interception, et c'est but : les cages sont vides. Il faut cependant raisonner : même s'il y a un gardien, une interception qui se termine en face-à-face entre l'attaquant, et le gardien fait invariablement but à ce niveau. Et le surcroît d'effort défensif quand on défend à six contre sept est réel : après la demi-finale face aux Allemands, qui systématisent la sortie du gardien, certains Tricolores ont expliqué y avoir laissé une énergie énorme.

Une arme que les Bleus n’ont jamais utilisée à Rio : de là à dire qu’ils ne l’avaient pas travaillée… Les Danois, eux, l’ont fait. Et adopté dimanche, avant de revenir à une composition plus conventionnelle après que trois tirs tricolores ont terminé dans le but vide. Nikola Karabatic et consorts se sont retrouvés avec un drôle de truc sur les bras, à la fois mouvant, nouveau et survitaminé : 16-14 à la pause pour les Nordiques et un gardien tricolore, Thierry Omeyer, un peu suspect - dans le droit fil de son tournoi - puisqu’il affichait un pourcentage d’arrêt modeste de 33 % aux citrons.

Décalé. En seconde période, les Français se sont retrouvés avec deux problèmes de plus sur les bras. Le premier, c'est la constance de l'arrière-gauche du Paris-SG, Mikkel Hansen, capable d'allumer sans même être décalé en bonne position par le collectif danois : huit buts au final pour le grand barbu taillé comme un crayon. Le second, c'est le manque de mouvements des Tricolores aux deux bouts du terrain. Les arbitres ont sifflé beaucoup de fautes offensives aux Bleus et celles-ci disaient l'impuissance : le joueur qui, à court de solution, va camionner son défenseur parce qu'il est seul. Vu des tribunes, ça disait la fatigue. Ou le jour sans. Ou les deux. Le fonctionnement du binôme Claude Onesta (sélectionneur en titre) et Didier Dinart (assistant coach) a intrigué : le premier très en retrait, assis sur sa chaise, et le second au front. Peut-être que ce dernier est un peu neuf dans le rôle, malgré son passé d'immense joueur. Aux intéressés d'en parler.