Menu
Libération
Synthèse

Rio jour 14: des femmes d'argent

Jeux olympiques de Rio 2016dossier
Les handballeuses et la boxeuse Sarah Ourahmoune ont remporté des belles médailles d'argent. Les Jeux du Brésil sont sauvés, la Seleçao a gagné le tournoi de foot.
Sarah Ourahmoune battue par la Britannique Nicola Adams en finale lors des Jeux de Rio, le 20 août 2016 (Photo GOH Chai Hin. AFP)
publié le 21 août 2016 à 8h03

Record de médailles pour les Bleus, et soulagement, énorme, enfin, pour le Brésil du «futebol»: à la veille de l’extinction de la flamme olympique, les Jeux de Rio ont encore offert leur lot d’exploits et d’émotions.

Neymar, en larmes, effondré sur la pelouse: l’attaquant star du FC Barcelone a enfin offert le titre olympique au football auriverde, le seul qui manquait encore à son palmarès. Avec le premier but du match (1-1), puis le tir au but de la victoire (5 à 4) au bout de deux heures de suspense, il a effacé un zeste de l’humiliation (7-1) vécue par la seleçao contre la même Allemagne en demi-finale du Mondial-2014, avec cette claque.

Et le Brésil s’est mis à danser. Pour les Cariocas et tout le pays, les JO de Rio sont gagnés. Sans ce tir au but réussi de l’enfant de Santos, la tristesse aurait noyé la ville, et ces JO auraient été gâchés, irrémédiablement.

(Photo AFP)

Bonheur pour les Brésiliens, et bonheur pour les Bleus, aussi. Enorme aussi, avec ce record de médailles enfin battu, avec 42 breloques, une de plus qu’à Pékin en 2008. Samedi à Rio, les femmes se sont parées d'argent. A commencer par la boxeuse Sarah Ourahmoune, 34 ans, battue mais contente en finale des - 51 kg, pour le dernier combat d'une carrière aussi atypique qu’obstinée parfois risquée et au final about, dont le dernier épisode a débuté il y a deux ans, après la naissance de sa fille alors qu'elle avait décidé de raccrocher les gants. Elle dédiera désormais les heures passées à l’entraînement à son entreprise qui développe «des gants de boxe connectés», aux conférences et séances de «team building» qu’elle propose ou à son «association» offrant des «cours pour femmes, pour enfants, personnes en situation de handicap.» Avec en tête le projet d’ouvrir une «salle de boxe innovante».

Médaille d'argent également pour les handballeuses, battue logiquement par des Russes trop fortes pour elles en finale (22-19) Après un parcours héroïque, marqué par un quart de finale renversant face à l’Espagne et une victoire d'un but en demie contre les Pays-Bas, les Bleues ont été rattrapées au plus mauvais moment par leur faiblesse: la finition.

(Photo AFP)

Malgré la défaite, cette campagne brésilienne restera belle pour les joueuses d'Olivier Krumbholz qui, avec l'argent, ont apporté la première médaille olympique au hand féminin français. Jusqu'alors, la France avait dû se contenter de la quatrième place, en 2004 à Athènes. «Qui aurait cru que nous ferions une médaille olympique après le Mondial (7e) catastrophique que nous avions fait?», souligne Lacrabère, ravie d'être entraînée de nouveau par d'Olivier Krumbholz, revenu aux commandes fin janvier, après le limogeage d'Alain Portes. Le «druide» du handball français avait récupéré une équipe au bord du gouffre et l'a remise en marche en lui apportant sa culture de la défense. Pas de médaille en revanche pour les basketteuses, largement dominées par les Serbes en petite finale.

Pour les hommes, samedi, les médailles furent couleur chocolat avec la quatrième place de Valentin Prades au pentathlon et celle, historique pour la France du plongeon, de Benjamin Auffret,21 ans, en haut vol (plate-forme à 10 m). Ce dimanche, les experts du hand et le boxeur super-lourd, Tony Yoka achèveront leurs Jeux au pire en argent et au mieux en or.

Triplé en vue pour les Experts

A tout seigneur tout honneur, ce sont les «Experts» qui fermeront le ban pour les Bleus. Double-champions olympiques, à Pékin et Londres, ils veulent récidiver. Face à eux, à 14h00 (19h00 françaises): leurs victimes favorites, les Danois, contre qui ils n’ont perdu qu’une fois en 21 ans. Tony Yoka lui rencontrera un Anglais, Joe Joyce, en finale  des +91 kg.

Juste avant eux, à 12h30 (17h30 françaises), Julien Absalon sera lui aussi à la recherche de l’or, en VTT, comme il l’avait fait à Athènes en 2004 et Pékin en 2008. Un autre triplé en ligne de mire donc, comme Tony Estanguet, le seul Français titré sur trois Jeux sur la même épreuve individuelle aux JO d’été, en canoë slalom.

Puis il sera temps de baisser le rideau, comme l’a fait l’athlétisme, déjà, samedi soir, au stade olympique Engenhao. Avec pour terminer deux héros magnifiques, Caster Semenya et Mo Farah.

L’image restera: le sourire de Caster Semenya, cette jeune Sud-Africaine de 25 ans victorieuse du 800 m. Car avant ce sourire, il y a eu des années d’un débat malsain.

Caster Semenya est intersexuée, comme 0,1 à 0,4% de la population mondiale. Elle possède naturellement un taux de testostérone qui la rapproche des hommes. Un atout, peut-être, sur la piste. Mais un drame pour sa vie d’être humain, car les questions n’ont cessé d’accompagner ses performances, jusqu’à mettre en doute son genre sexuel.

Semenya, la victoire face aux doutes

C’est ce particularisme génétique qui avait poussé la Fédération internationale d’athlétisme à la suspendre onze mois, après son titre de championne du monde 2009: le temps de lui faire subir une batterie de tests, puis de la contraindre à se bourrer de médicaments pour faire baisser son taux de testostérone. Vice-championne olympique 2012, elle est désormais montée sur la plus haute marche du podium. L’IAAF a renoncé depuis 2015 à lui faire prendre ces médicaments, le temps de réfléchir à une nouvelle réglementation.

(Photo AFP)

Les interrogations, pourtant, vont encore se faire jour. Semenya a en effet devancé la Burundaise Francine Niyonsaba (1’56''49) et la Kényane Margaret Nyairera Wambui (1’56''89), dont les allures androgynes posent également question. Et l’IAAF présentera dans les prochains mois un nouveau règlement pour ces athlètes qui bousculent la structure sexuée du sport, basée sur des compétitions hommes et des compétitions femmes.

L'autre héros de la soirée restera Mo Farah. Sur 5000 m, après avoir déjà remporté le 10 000. Un doublé carioca donc, comme à Londres en 2012, ce qui fait du Britannique d’origine somalienne le propriétaire d’un double-double sur le grand fond, 24 heures après le «triple-triple» de Bolt sur les distances du sprint. Seul le Finlandais Lasse Viren jusque-là avait signé cette performance, en 1972 et 1976.

La soirée a également permis de récompenser quelques talents à l’âge avancé comme l’Espagnole de 37 ans Ruth Beitia, première Espagnole championne olympique. Sur 1500 m, c’est l’Américain Matthew Centrowitz qui a remporté la palme en 3'50", un chrono qui était à la mode dans les années 30.

La discrète Américaine Allyson Felix en a profité pour décrocher sa 6e médaille d’or olympique, avec cette statistique incroyable: elle est invaincue dans les cinq relais olympiques auxquels elle a pris part (4x100 m en 2012 et 2016, 4x400 m en 2008, 2012 et 2016). Elle a également été sacrée championne olympique sur 200 m en 2012. Et vice-championne cette année sur 400.  A 30 ans, elle peut encore envisager d’être de la partie à Tokyo en 2020, pour le prochain rendez-vous olympique.

L’athlétisme est terminé sur le tartan bleu d’Engenhao. Les JO de Rio touchent à leur fin. Et ce sera à la «Dream Team» américaine du basket, face à la Serbie, de clôturer le spectacle de ces premiers Jeux sud-amméricains.

Puis la flamme olympique va s'éteindre, définitivement, au Maracana, en bordure de «la ville merveilleuse». A l'issue d'une dernière fête au son de la samba. Pendant quatre ans, elle va rester dans sa Grèce natale. Puis elle repartira, en 2020, pour Tokyo, et les 29es  Jeux de l'ère moderne depuis ceux d'Athènes, en 1896.