Après sa victoire pépère au premier match, Tony Yoka a quitté le pavillon dans lequel se déroule la boxe à Rio en tenant une petite fille par la main. En allant à pied jusqu’au village olympique, à quelques centaines de mètres de là, traversant la foule avec son grand corps, au milieu d’un clan d’une quinzaine de personnes qui le suit partout. Certains ont reconnu le champion du monde des super-lourds (en amateurs), mais rien d’exceptionnel. Pas comme une tête d’affiche, quoi.
Les choses devraient changer : Yoka, 24 ans, star de l’équipe de France de boxe, est désormais champion olympique après sa victoire face au Britannique Joe Joyce. Le joli storytelling continue, puisque sa compagne, Estelle Mossely, ingénieure informatique dans la vie, a aussi remporté la médaille d’or (en poids légers), une première historique pour la France, qui jusque-là n’avait jamais envoyé de femmes aux Jeux dans la discipline.
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La boxe est la belle surprise de la délégation française. Dix combattants en tout, dont plus de la moitié rentre avec une breloque autour du cou. Un record. Inattendu : à part Yoka - et encore -, les non-initiés ne connaissaient aucun blaze de cette équipe, qui en plus d’avoir permis à la France de décoller au tableau des médailles, a été cool au possible chaque fois qu’un micro s’est pointé sous le nez de l’un de ses membres. Et qui s’est fabriquée sous l’impulsion de John Dovi, patron du staff technique et du Cubain Mariano Gonzalez, considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de boxe amateur au monde.
Sarah Ourahmoune (poids mouches), diplômée de Sciences-Po et cheffe d’entreprise, a fini avec l’argent, tout comme Sofiane Oumiha (poids légers), qui a dû s’incliner face au Brésilien Robson Conceição en finale, dans une ambiance complètement dingue - une des plus belles des Jeux. Pour payer le voyage de son coach perso au Brésil, le Toulousain avait fait une collecte sur le Web en début d’année. Mathieu Bauderlique (mi-lourds), que l’un de ses proches surnomme «Obélix» - parce qu’à la fois trop cogneur et trop gentil -, et Souleymane Cissokho (welters), le capitaine parfait, qualifié aux JO in extremis, repartent avec le bronze.