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Le tourmenté Mario Balotelli arrive à Nice

L'attaquant italien de 26 ans foulera bientôt les pelouses de Ligue 1 sous le maillot de l'OGC Nice. Retour sur l’histoire d’un joueur borderline, mais pas que...
Mario Balotelli, sous le maillot de l'AC Milan, face à l'Inter en 2015. (Photo Guiseppe Cacace. AFP)
publié le 31 août 2016 à 21h39

C'est LE gros coup de la fin du mercato footballistique estival français, qui s'est clôt le 31 août à minuit : l'Italien Mario Balotelli, 26 ans, vient de signer à Nice. Si on retient spontanément le côté fantasque de l'attaquant, on oublie bien souvent les autres facettes de ce joueur inclassable et parfois détesté.

A la recherche de son identité

Les premières années de Mario Barwuah (son nom de naissance) sont chaotiques. Elles permettent, en partie, de mieux comprendre «Super Mario».

Mario naît en 1990 à Palerme, en Italie, de parents ghanéens. A cause d'une malformation de l'abdomen, il doit être hospitalisé de longs mois. Trop pauvres, ses parents demandent de l'aide et Mario est placé en famille d'accueil chez les Balotelli. Mais, n'ayant pas été adopté, le joueur doit attendre son dix-huitième anniversaire avant de bénéficier de la nationalité italienne. Il déclare alors : «Je suis italien, je me sens italien, je jouerai toujours pour l'équipe nationale d'Italie.»

Enfant, il était le seul Noir de son village. Et tout au long de sa carrière, il a dû faire face, dans les stades où il évoluait, aux cris de singe, lancers de bananes et autres manifestations racistes. Dans les colonnes de France Football, il confie à ce sujet en 2012 : «Je ne supporte pas le racisme, je ne l'accepte pas. Nous sommes en 2012, ce n'est pas possible. Si quelqu'un me lance des bananes dans la rue, j'irai en prison parce que je le tue.»

A 18 ans, son enfance ressurgit tout aussi violemment. A peine commence-t-il à faire parler de lui par ses prestations sportives, que ses parents biologiques se font connaître auprès de la presse en demandant qu'on leur rende leur enfant. La réponse de Balotelli ne se fait pas attendre : «Je voudrais clarifier une chose. Personne n'a jamais obligé mes parents à m'abandonner. Pourquoi ne sortent-ils à découvert qu'aujourd'hui que je suis devenu un joueur de Série A ? Pour ce qui me concerne, je n'ai aucun lien avec eux. Ce sont des étrangers.»

Jeune star

Sportivement, Mario Balotelli démarre à l'Associazione Calcio Lumezzane, le club d'une ville située en Lombardie, dans le nord de l'Italie. Son ascension est fulgurante et, à 15 ans, il débute avec l'équipe première en troisième division. Peu après, Mario Balotelli connaît son premier transfert, direction l'Inter Milan. Là où il va devenir une star.

Il joue une seule saison avec les jeunes, tout juste le temps de gagner le titre de champion d'Italie de sa catégorie (Primavera) en 2007. Dans la foulée, l'entraîneur de l'équipe pro, Roberto Mancini l'intègre dans son équipe. Mario a alors tout juste 17 ans. En décembre, il entre en jeu pour la première fois en championnat. Trois jours plus tard, il est titulaire en Coupe d'Italie et marque un doublé. Sa carrière est lancée.

Premier joueur noir sélectionné par l’Italie

Toujours aussi précoce, il devient international à 19 ans. Ce jour-là, ce n'est pas son jeune âge qu'on retient, mais le fait que pour la première fois (en 2009...) un joueur noir porte le maillot de la Squadra Azzura.

En club, les choses changent. (Trop) sûr de son talent, Mario affiche sur le terrain et en dehors, une attitude qui commence à faire grincer les dents en interne.

Un caractère… unique

Une histoire, à elle seule, révèle son caractère et son tempérament. Elle est racontée à CNN par José Mourinho, l'entraîneur de l'Inter entre 2008 et 2010 : «Nous jouions à Kazan en Ligue des champions. Milito et Eto'o étaient blessés, Mario était le seul attaquant disponible. Il a écopé d'un carton jaune vers la 42e minute. Du coup, j'ai passé 14 des 15 minutes de la mi-temps à lui parler. Je lui ai dit : "Mario, je ne peux pas te remplacer, je n'ai pas d'autre attaquant sur le banc. Ne touche personne, concentre-toi seulement sur le ballon. Si quelqu'un te provoque, ne réagis pas. Si l'arbitre fait une erreur, s'il te plaît, ne réagis pas." A la 46e minute… Mario a pris un carton rouge !»

Sale gosse

En 2010, c'est hors du terrain que Balotelli franchit la ligne rouge. Lors d'une émission de télé, il s'affiche avec… le maillot de l'AC Milan. Excédé par d'innombrables anecdotes du même style, José Mourinho finit par écarter Balotelli de l'équipe pro. S'ensuit logiquement un transfert. Direction Manchester City.

Arrivé en Angleterre, il craque. Tout juste installé, il provoque un accident de la route. Quand la police arrive sur les lieux, elle trouve 6 000 euros dans le bolide du joueur. A la question de savoir pourquoi il se balade avec autant d'argent, il répond tout simplement : «Because I am rich» [«Parce que je suis riche»]. Mais il monte d'un cran lorsqu'il a l'idée de faire un feu d'artifice dans sa salle de bains. Une idée qui mettra le feu à sa maison. Sinon pêle-mêle, il a aussi jeté des fléchettes sur les jeunes du club, joué sur son iPad sur le banc pendant un match de son équipe ou tenté d'entrer dans une prison pour femmes

Sur le terrain, il retrouve dans le nord de l'Angleterre Roberto Mancini l'entraîneur qui l'a lancé chez les pros. Ils sont champions d'Angleterre, mais Mario est toujours capable du pire. Comme lors de ce match de préparation contre le Los Angeles Galaxy.

Globe-trotter

En 2012 il est tout de même sélectionné pour l'Euro. Durant la compétition il cartonne et  termine co-meilleur buteur (3 buts, comme Fernando Torres, Mario Gomez, Cristiano Ronaldo, Alan Dzagoev et Mario Mandzukic), mais depuis… plus rien, ou presque. Il quitte son club de City pour l'AC Milan en janvier 2013, s'attirant encore un peu plus la haine des Milanais (ceux de l'Inter). Après deux saisons correctes, il est vendu à Liverpool, où il rate sa saison. Il retourne donc à Milan, en prêt. Mais c'est un flop. Cet été, il est donc revenu à Liverpool. Mais Jürgen Klopp, le coach de l'équipe pro, ne compte pas sur lui. Il a du coup joué avec les jeunes en attendant de trouver une porte de sortie. Une échappatoire qui se nomme donc Nice.

Convaincu après son pari réussi de relancer Ben Arfa, le club azuréen espère pouvoir refaire le coup. Et enfin régler les tourments qui rongent Mario Balotelli ?