Le sélectionneur de l'équipe d'Angleterre de football, Sam Allardyce, 61 ans, n'a dirigé les Three Lions qu'un seul match (Slovaquie-Angleterre, 0-1) et pourtant, son avenir est déjà fortement compromis. Pour cause, une vidéo filmée à son insu par des journalistes du Daily Télégraph, révélée lundi, le montre expliquer, à ce qu'il croit être un groupe représentant les intérêts d'investisseurs asiatiques, comment il est possible de contourner les règles de la fédération anglaise de football (FA), notamment sur les TPO (Third Party Ownership, la propriété des droits économiques des joueurs par des tiers), une pratique interdite par la FIFA depuis mai 2015.
Selon les journalistes du Telegraph, qui se faisaient passer pour les dirigeants de la prétendue firme ayant envie d'investir dans le marché des transferts anglais, le sélectionneur aurait négocié un accord de 400 000 livres (environ 450 000 euros) pour cette opération, affirmant que ce n'est «pas un problème» pour lui «d'esquiver les règles ridicules» de son employeur. Non seulement cet accord potentiel est illégal mais en plus il soulèverait un conflit d'intérêts avec la FA, puisque Sam Allardyce serait par conséquent «employé» par une société bénéficiant d'un traitement préférentiel.
Durant l’échange, le sélectionneur anglais affirme même aux journalistes que cette pratique est très largement répandue dans le milieu du football, notamment en Amérique du Sud, au Portugal, en Espagne, en Belgique ou encore en Afrique. Il évoque, à titre d’exemple, le cas du transfert de l’équatorien Enner Valencia, dont une partie des droits de propriété aurait été reversée à une personne tierce, probablement un agent, lors de son transfert du club mexicain de Pachucha au club londonien de West Ham en 2014.
La vidéo est d'autant plus embarrassante pour lui qu'elle le montre en train de se moquer ouvertement de son prédécesseur, Roy Hodgson, dont il critique la gestion du dernier Euro au cours duquel l'Angleterre a été éliminée dès les quarts de finale par l'équipe d'Islande. «Big Sam» en profite aussi pour égratigner l'attitude de l'ex-adjoint de ce dernier durant la compétition, Gary Neville, qui «aurait dû recevoir l'ordre de s'asseoir et de se taire», selon lui. Pire encore, il raille la FA pour avoir dépensé «de façon stupide un milliard d'euros» dans la construction du nouveau de Wembley ainsi que le prince William qu'il qualifie de «vilain».
Mardi matin, le quotidien anglais a énoncé 18 questions posées par ses journalistes au sélectionneur dans un courriel adressé à la FA, qui refuse pour le moment de répondre à toutes questions sans recevoir de comptes rendus complets des conversations. Dans un communiqué, elle a demandé au Telegraph de lui «fournir tous les éléments en lien avec cette affaire».