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Debrief

Paul Pogba, cœur de buteur

Sévèrement recadré par Deschamps la veille du match, le joueur de Manchester a offert aux Bleus la victoire lundi soir à Amsterdam.
Paul Pogba tirze au but face aux Pays-Bas en qualifs pour le Mondial-2018 à Amsterdam, le 10 octobre 2016 (Photo EMMANUEL DUNAND. AFP)
publié le 11 octobre 2016 à 16h18

Une image : la célébration partie pour être provocatrice d'un Paul Pogba unique buteur de la victoire (1-0) des Bleus lundi soir aux Pays-Bas, rhabillée en communion collective par les six, sept, huit joueurs tricolores qui sont venus entourer le milieu mancunien juste après sa frappe victorieuse. Les mecs sont aux petits soins. Du coup, Pogba, rhabillé pour l'hiver – y compris par le sélectionneur Didier Deschamps et le capitaine Hugo Lloris, auteur d'un «le vestiaire attend plus de Paul» très remarqué la veille de la rencontre – après des performances moyennes en sélection, a ouvert son cœur : «Il n'y a pas d'équipe "Pogba". Je joue pour l'équipe de France. Si l'équipe de France fait un bon match, j'ai fait un bon match. Si l'équipe de France fait un mauvais match, j'ai fait un mauvais match. Ce n'est pas toujours agréable d'entendre les critiques mais j'ai la chance de jouer pour mon pays donc je me donne à cent pour cent. Je suis quelqu'un qui essaye des choses [au risque d'en manquer certaines, ndlr]. J'apprends encore. Le coach m'a donné des instructions. J'essaie de m'adapter. Je dois jouer de manière plus sobre.»

Un instant rare : Pogba ne parle jamais (un silence dealé avec Deschamps, que les prises de paroles du joueur effrayent) et le fait que le grand milieu ait cassé cette règle montre que l'heure était grave de son point de vue. Toute la semaine, les tricolores avaient invité la presse – donc le public –à aborder Pogba en joueur comme les autres, manière de dire qu'il avait du mal à supporter le régime d'exception que lui valent les qualités que le milieu lui prête et son transfert estival à 120 millions. Au micro de Canal+ Sport, Pogba a fait un pas de plus : il a tenté de se diluer dans le vestiaire, rappelant une évidence – un joueur est toujours une pièce du puzzle – que beaucoup avaient perdue de vue dans son cas. Après, c'est la bouteille à l'encre.

Le défenseur Raphaël Varane a mis son coéquipier au pied du mur : «Paul ne doute pas de lui. On est tous conscients de ses qualités, et c'est pour ça qu'on en attend beaucoup.» Dimitri Payet, lui, a exprimé sa compréhension : «Les attentes autour de lui ne lui rendent pas service.» Sur les plateaux télés, les anciens joueurs s'opposent quand ils considèrent le même match, comme s'il y avait quelque chose chez ce gars qui échappe à la compréhension. La séquence de deux victoires (4-1 contre les Bulgares avant Amsterdam) qui s'est achevée lundi aura éclairci l'horizon en vue de la qualification pour le Mondial russe. Elle n'aura élucidé le mystère Pogba que sur un point : il en a marre.