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Cyclisme

Amalie Dideriksen, championne du monde «trop tôt»

Une médaillée d'or surprise au Qatar : Amalie Dideriksen, étudiante danoise de 20 ans, devance au sprint la favorite, Kirsten Wild. Mais gare à la suite de sa carrière.
La Danoise Amalie Dideriksen remporte un troisième titre mondial sur les routes du Qatar, à 20 ans seulement. (AFP)
publié le 15 octobre 2016 à 16h49
(mis à jour le 15 octobre 2016 à 17h16)

C’est un petit régal de l’après-midi dans le roupillon des Championnats du monde. Le comité d’organisation de Doha, au Qatar, balance un tweet en anglais ce samedi, une heure avant l’arrivée de la course dames. Qui ose le parallèle entre Jeannie Longo, la plus grande athlète du sport français, et l’Américaine Amber Neben, vainqueur du contre-la-montre mardi passé. Dans une compétition en carton-pâte, il faut créer un suspense à découper à la scie sauteuse, ce qui donne un message confus et très drôle. Voici donc, sur le compte officiel de l’épreuve qatarie, une photo d’archive de Longo avec cette question géniale : peut-elle gagner aujourd’hui dans la course en ligne – une interrogation qui vaut évidemment pour Neben?

Vive le Qatar ! Et vive Longo ! Tristement, la Jeannie bleu-blanc-rouge, bientôt 58 ans, auréolée de treize titres mondiaux, ne participe pas au Qatar cette année. On l'a bien croisée au Championnat de France en juin du côté de Vesoul (Haute-Saône), mais le Mondial ce n'est plus pour elle. Eu égard ses caprices, ses forces qui l'ont lâché selon des lois naturelles implacables et, par ailleurs, la présumée affaire de dopage qui a atteint son époux, Longo n'est plus sélectionnée en équipe de France. Mais, grâce aux organisateurs du Qatar 2016, son ombre s'étend encore sur le vélo féminin.

La lauréate a finalement l’âge d’une petite fille. Amalie Dideriksen, qui s’impose, n’a que 20 ans. La Danoise a créé la surprise en devançant la favorite, la Néerlandaise Kirsten Wild, partie trop tôt et séchée par le vent de face, et la Finlandaise Lotta Lepistö. Scenario connu d’avance d’un sprint «massif» (à 19 concurrentes…), au terme de 134 km d’une course. Un sprint comme sur la quasi totalité des épreuves disputées cette semaine. Et comme demain pour l’événement-phare qui mettra aux prises Peter Sagan, Mark Cavendish et Fernando Gaviria ?

La seule surprise n'est pas mince : la nouvelle championne du monde elle-même, Diderisken, qui n'avait remporté qu'une victoire individuelle cette saison. «Je pensais terminer dans les dix premières», admet-elle modestement. Mais cette Danoise qui fait aussi des études de fac est en pleine verve, comme ses collègues de Boels-Dolman, la formation n°1 du peloton féminin, qui a dominé le contre-la-montre par équipes le week-end dernier.

Une petite inquiétude malgré tout. Déjà trois fois championne du monde dans sa jeunesse (sur route et sur piste, dans la catégorie junior), Dideriksen s'était fixée comme objectif d'une carrière de gagner un nouveau titre chez les professionnelles. Voilà qui est fait. Déjà fait. Trop tôt fait. La suite sera compliquée pour cette figure émergente, entre le casse-tête des nouveaux buts à se donner et la rudesse d'une pression énorme à supporter. Qu'on se rappelle les tourments de Pauline Ferrand-Prevot, six fois championne du monde depuis 2013 et qui annonce pratiquement sa retraite à 24 ans au soir des Jeux, le ressort cassé dans le moral… Dans ce nouveau vélo, les jeunes deviennent vite vieux. Jeannie Longo les contemple en buvant sa tisane bio.