Le Slovaque Peter Sagan, déjà numéro 1 du peloton et maillot vert sur le dernier Tour de France, s’est succédé à lui-même sur les tablettes des championnats du monde dimanche au Qatar. L’argent revient à Mark Cavendish, le bronze à Tom Boonen. Des noms qui en jettent et qui laissent de la poussière d’or sur l’affiche d’une édition 2016 controversée : météo de braise, spectateurs évaporés, triomphe du marketing cynique. Sur ce podium, il n’y a pas matière à reproches. Au contraire, ces trois mandarins du sprint n’ont pas attendu le sprint. 177 kilomètres avant l’arrivée, ils ont passé le nez par la fenêtre. Le temps qu’il fait ? Beau, quelle question ! Au moment opportun, Peter Sagan et la bande sont donc revenus sur une échappée de sans-grade alors que le peloton explosait sous la pression de l’équipe nationale belge : un «coup de bordure» d’anthologie - lancé à travers un désert calciné - qui consiste à mettre les adversaires «dans le vent». Placés trop loin, pas assez en jambes, la plupart des favoris n’ont pas réagi.
Chez les Français, Nacer Bouhanni perd plus de cinq minutes, Arnaud Démare une vingtaine, si bien que les commissaires l'ont prié de descendre de vélo. Arnaud Démare ne tourne pas autour du pot : «On a été mauvais.» Le peloton a tellement déconné qu'au total, 146 concurrents ont dû arrêter. Sur un parcours pourtant très accessible, cela ressemble à une humiliation. Mais la désinvolture finit toujours par se payer.