Le cyclisme n’en finit plus de se creuser la cervelle pour rester (redevenir) sexy et survivre à son paradoxe moderne : il n’a jamais autant été diffusé à la télévision, et n’a presque jamais été aussi soporifique. Avec ses dizaines d’heures d’antenne, le dernier Tour de France a eu le temps de nous montrer à quel point il ne se passait souvent rien, au point de se demander s’il ne fallait pas revenir sur quelques innovations récentes ou certains points de règlement.
Sieste
A l’aune de cette situation, l’organisateur du Tour se débrouille comme il peut avec sa vieille dame de 115 ans. A cet âge-là, on a du mal avec le changement et pourtant, la paire Gouvenou-Prudhomme, qui dessine ses parcours depuis quelques années, l’a sérieusement secouée après quelques décennies de sieste. Pour 2016, ils avaient concocté une orgie de montagnes, souvent par des cols inédits. Cela n’a quasiment rien donné. Dont acte : l’édition 2017, présentée ce mardi à Paris, sera moins montagneuse que les précédentes, même si elle est la première depuis 1992 à passer à la fois par les Vosges, le Jura, les Pyrénées, le Massif central et les Alpes. Les deux massifs majeurs n’ont droit qu’à deux étapes, mais ils resteront les juges de paix puisque le contre-la-montre demeure une portion congrue (13 km à Düsseldorf, 23 km à Marseille).
Gadget
Ce que le Tour 2017 perpétue, en revanche, c’est sa chasse aux inédits. L’organisation amène ce qu’elle peut de neuf : après, ce sont les coureurs qui décident. Par le passé, cela s’était traduit par des pavés ou des arrivées en bosse aux pourcentages pas possibles. Pas trop de pièges de ce genre cette fois : outre les inévitables villes étapes nouvelles (dix, soit 30 % du lot), l’inédit se trouve dans les cols empruntés. Le spectacle en montagne étant a priori corrélé à la pente, ces nouveaux obstacles sont féroces : le col de la Biche (10,5 km à 9 %) et le mont du Chat (8,7 km à 10,3 %) dans le Jura, le col de Peyra Taillade dans le Massif central (14 % au max), ou encore l’arrivée au sommet du col d’Izoard (final à 9 %) dans les Alpes.
L’innovation confine parfois au gadget, comme cette traversée du Grand-Palais lors de la dernière étape à Paris - «ça fera de belles images», cool. La veille, en revanche, le cadre marseillais de l’ultime contre-la-montre a été soigné à bon escient : départ et arrivée au Stade-Vélodrome, le mal-nommé (la piste a disparu dans les années 80), et surtout l’escalade de Notre-Dame-de-la-Garde, histoire d’épicer cette dernière bataille entre les premiers du classement général. En espérant que ce ne soit pas la seule.