La reconduction de Yannick Noah à son poste de capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis ne faisait guère de doute depuis une semaine, l'ex-joueur ayant signifié – comme révélé dans L'Equipe – avoir contacté la Fédération pour expliquer qu'il était finalement partant pour un second mandat après avoir laissé filtrer quelques doutes ces dernières semaines. Formellement, c'est fait depuis vendredi : Noah (56 ans) a été officiellement reconduit par le bureau fédéral de la Fédération française de tennis (FFT) pour une saison de plus.
Ce qui fait déjà une certitude : il n'y en a pas beaucoup d'autres. La principale interrogation porte sur la participation de Jo-Wilfried Tsonga, qui envisage de faire l'impasse sur la Coupe Davis pour s'occuper de son premier enfant, prévu pour début 2017. Peut-être a-t-il donné des garanties à Noah concernant son investissement lors de l'exercice à venir, qui débutera par un voyage au Japon contre une formation emmenée par un 5e mondial (Kei Nishikori) au sortir de l'Open d'Australie, entre le 3 et le 5 février. Et peut-être pas.
Quoi qu’il en soit, Tsonga illustre précisément les tourments existentiels des tricolores vis-à-vis de l’épreuve : quelles que soient ses raisons, un joueur ne désirant pas la disputer ne l’annonce jamais clairement, comme s’il craignait d’être culpabilisé – il n’aime pas son pays, il ne joue que pour son prestige personnel et son compte en banque, en gros – par un public qui, il est vrai, n’a pas grand-chose d’autre à partager avec des joueurs arpentant le circuit tout au long de l’année. Un Rafaël Nadal, un Roger Federer ou un Andy Murray décident de s’investir ou non une bonne fois pour toutes avant le début de chaque exercice : un tennisman français, lui, louvoie.
Ce qui avait justement expédié Noah et son équipe dans le mur en septembre dernier à Zadar, alors que les Croates ne disputaient que d’un joueur de simple à la fois dispo et valide. Et qui renvoie au deuxième mystère que devra affronter Noah : Gaël Monfils, l’homme qui avait alors déclaré forfait sur les brisées d’une demi-finale à l’US Open.
Selon ses dires, Monfils s'était alors blessé en descendant un escalier alors qu'il sortait tout juste d'un petit basket entre amis. D'après L'Equipe, Monfils avait ensuite défilé de chambre en chambre avec une mine de chien battu, entreprenant une sorte de chantage affectif avec les uns et les autres : Noah l'avait viré manu militari. Puis rencontré à Paris dans la foulée, pour voir ensuite le jouer entonner à sa grande surprise le joueur l'air de la réconciliation sur les réseaux sociaux, le capitaine confessant ne plus y comprendre grand-chose.
Pas sûr, du reste, qu’il y ait quelque chose à comprendre. Pourtant, il va bien falloir que Noah trouve une clef. Pour ne pas voir ses détracteurs, qui gardent un souvenir assez net des rodomontades de Noah lors de sa nomination voilà un an («les comportements déviants, c’est fini», «avec moi, on va voir autre chose»), reprendre la main.