«Ça a été dur de quitter mon bateau et de l'abandonner au milieu de nulle part, ça me fait mal au cœur de le perdre. C'était sinistre de voir le bateau dans cet état. J'en ai chialé pendant vingt-quatre heures. Je suis moralement à plat mais c'était la seule solution. Ça devenait trop dangereux pour moi… Je n'avais quasiment plus d'énergie pour les pompes et je ne pouvais pas recharger les batteries puisque le moteur était sous l'eau. Je suis donc sur le Marion Dufresne II, qui est en route vers les îles Crozet, puis les Kerguelen, Amsterdam : je suis pour trois semaines sur le navire de ravitaillement des Terres australes et antarctiques françaises [Taaf].» Sain et sauf mais le cœur gros (et le portefeuille ratatiné), Kito de Pavant, skippeur de Bastide Otio, a été récupéré dans la nuit de mardi à mercredi par le navire qui assure le ravitaillement des Taaf et ne croise que quatre fois par an dans la zone.

Une vingtaine d’heures plus tôt, le skippeur engagé dans le Vendée Globe avait lancé un appel au secours. Une grosse voie d’eau s’était déclarée après qu’il eut heurté un objet flottant non identifié. C’est le troisième abandon d’affilée pour Kito de Pavant sur le tour du monde en solitaire sans escales ni assistance.

Sébastien Josse (sur Edmond de Rotschild), qui occupait la troisième place de la course, ne terminera pas, lui non plus, sa circumnavigation. Même s’il a pu se débrouiller sans assistance, il a décidé de renoncer : l’état de son foil babord ne lui permet pas d’envisager d’effectuer les 15 000 milles restants. Il fait route vers l’Australie. Thomas Ruyant (neuvième sur le Souffle du Nord), lui, n’excluait pas de continuer  s’il parvenait à colmater une voie d’eau. Loin devant, dans un autre océan, le Pacifique, Armel Le Cléac’h (Banque populaire VIII) et le Gallois Alex Thomson (Hugo Boss, deuxième à 130 milles mercredi en fin d’après-midi) s’apprêtaient à affronter une tempête dans le sud de la Tasmanie et devraient vivre trois jours difficiles.