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Libération
Interview

Yannick Cahuzac «Je donne tout, ce n’est pas un effort pour moi, mais un rapport au foot»

Publié le 20/12/2016 à 17h26

«Mon histoire avec la Corse et le Sporting me dépasse un peu : mon grand-père était Pierre Cahuzac, l'entraîneur de la plus grande équipe bastiaise de l'histoire [finaliste en 1978 de la Coupe UEFA, future Ligue Europa, ndlr]. Après, j'ai des terres ici en Corse, j'y ai ma famille, mes amis. Quand le Sporting a disputé la finale de la Coupe de la Ligue en 2015 à Saint-Denis [perdue 0-4 face au PSG], il y avait 20 000 Corses dans les tribunes, mon père, ma mère, ma femme, mon fils.

«Le Sporting est mon club formateur et j'y ai tout traversé. Quand le club est descendu en National [3e échelon] en 2010, je l'ai vécu comme un échec personnel. Publiquement, j'étais l'un des principaux responsables : c'était à moi de transmettre les valeurs du club, on m'en demandait plus qu'aux autres. Hors du terrain, je pense être à l'écoute, discret. Les gens ont parfois du mal à reconnaître le joueur quand ils me croisent au supermarché. J'ai deux personnalités. Les valeurs dont je parle, je les véhicule à travers mes matchs. Je ne suis pas le plus beau des joueurs, mais je donne tout, je suis dans le combat : ce n'est pas un effort pour moi, mais un rapport au foot. Il m'arrive d'envier les qualités techniques [lui-même est pourtant loin d'en être dépourvu] de certains joueurs, je ne vais pas le cacher. Quand je vois l'aisance avec le ballon de Sadio [Diallo] ou Axel [Ngando]… on dirait qu'ils dessinent quelque chose sur le terrain. Par rapport au fait que j'ai toujours joué à Bastia, il faut préciser que j'ai eu un parcours plus accidenté, je suis passé par le National et la Ligue 2 et, dans ces cas-là, tu es bien moins sollicité qu'un gamin de 20 ans qu'on lance directement en Ligue 1. Ici, après les contre-performances, je pars seul en montagne avec mon chien. Sans téléphone.

«Ça m'arrive d'ailleurs un peu trop souvent en ce moment [sourire]. Je veux couper, non pas réfléchir sur ce qui ne va pas mais ne plus penser ballon. Par rapport aux repères, le football a évolué en dix ans : un podologue, un sophrologue, un staff technique élargi… Le joueur est très entouré. Après, pour ce qu'il en fait, c'est comme tout. Ça dépend du caractère.»