V. John White est le fondateur du Centre pour l’efficacité énergétique et les technologies renouvelables en Californie. Cette plateforme associe groupes environnementaux et entreprises du secteur privé travaillant dans les énergies renouvelables et les technologies propres.
Les progrès environnementaux et l’action contre le changement climatique aux Etats-Unis sont-ils voués à l’échec avec l’arrivée de Donald Trump ?
Le risque est grand. Les discussions autour d'une sortie de l'accord de Paris ou la nomination d'un climatosceptique [Trump a nommé un climatosceptique à la tête de l'Agence de protection de l'environnement, ndlr] ne présagent rien de bon. En Californie et sur la côte Ouest, c'est différent. L'Etat est la sixième économie du monde. On risque d'être isolés et affaiblis, mais pas question de reculer. On doit être plus stratégiques et essayer de construire des alliances avec nos voisins mais aussi d'autres pays. A Marrakech [lors de la COP 22 qui s'est tenue en novembre], la Californie a signé un «mémorandum d'entente» [un accord bilatéral] avec l'Allemagne pour étendre la coopération. On a aussi établi des contacts avec la Chine, le Mexique et le Canada. On est certes affectés, mais déterminés à retenir les leçons de cette catastrophe électorale.
Quelles leçons tirez-vous de cette élection sur les manières de sensibiliser le public à l’environnement ?
A nous de prouver qu’il est possible de faire des progrès en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans que cela ne se fasse aux dépens de l’économie. Il existe un lien direct entre la réduction de la pollution ou l’amélioration de la santé publique et la création d’emplois. Mais cet enjeu n’a pas rencontré d’écho dans la classe ouvrière blanche, dans le Midwest et d’autres endroits laissés pour compte. Avec le temps, notre lutte pour protéger l’environnement et développer les économies locales pourra parler aux gens. Mais, pour le moment, c’est un énorme recul.
Comment se réinventer pour défendre l’écologie ?
Chacun peut faire des choix sur la façon dont il conduit, la fréquence à laquelle il prend l'avion, la quantité de viande qu'il mange… Nous pouvons faire beaucoup au niveau local avec les villes et les maires ainsi qu'avec les provinces, selon les Etats. Comme a dit le journaliste Roland Martin, «nous allons combattre Trump jusqu'à ce qu'il gèle en enfer et nous ne lâcherons rien». Remettons-nous au travail et redoublons d'efforts. Ma génération a laissé un horrible bordel aux générations futures. Mais nous sommes pleins de ressources : il faut garder espoir.