Dans un rapport publié aujourd’hui, l’UEFA s’est félicitée de la bonne santé du football européen. L’instance met en avant les bienfaits de son fair-play financier (l'interdiction aux clubs de dépenser plus d'argent qu'ils n'en gagnent) qui n’empêche cependant pas l’accroissement des inégalités entre les plus grands clubs et l'immense majorité.
81 %
C'est en pourcentage la réduction des pertes cumulée par les clubs européens depuis l'application du fair-play financier en 2010. Celles-ci sont ainsi passées de 1,7 milliard d'euros en 2011 à 300 millions d'euros en 2015 selon l'UEFA. Un succès certes réel mais qui a provoqué un effet pervers selon Pierre Rondeau, économiste du football et membre de Football stratégie : « Le problème est que le fair-play financier ne s'est pas attaqué à la dette mais au déficit à l'instant t. Tous les grands clubs européens qui avaient pu s'endetter sans compter, pour construire un avenir footballistique extrêmement compétitif peuvent continuer sans contrainte à performer sportivement grâce à leur passif d'investissement. On peut ainsi voir que la corrélation entre la masse salariale, le budget et le classement sportif en Première League est de 92%. Les autres qui ne peuvent plus désormais avec le fair-play financier dépenser plus qu'ils ne gagnent sont limités dans leur investissement, donc dans leur croissance sportive,. Ils n'évoluent pas positivement sur la hiérarchie européenne donc ils n'engrangent pas plus d'argent. C'est vraiment le serpent qui se mord la queue ! Le fair-play financier a certes combattu le déficit mais il a bloqué toute forme d'équité compétitive. »
17 milliards d'euros
Les recettes totale des 715 clubs de foot européen de première division étudiés par le rapport. Elles ont progressé chaque année pendant les deux dernières décennies avec un taux de croissance moyen de 9,3%. Elles représentent plus du double de celles de 2004 et près de six fois celles de 1996.
49 %
Soit le pourcentage des revenus des clubs européens qui se concentrent au sein du seul top 30 des clubs, qui ont généré plus de 8,2 milliards de chiffres d'affaires en 2015. Sur ces 30 clubs, 27 ont déclaré une augmentation de leurs revenus de 12% en 2015 par rapport à l'année précédente (où le taux de croissance s'établissait à 14%).
1,514 milliard d'euros
C’est la somme engrangée par les 15 plus grands clubs européens ces six dernières années en recettes commerciales et de sponsoring contre 453 millions pour les quelques 700 autres équipes de première division en Europe.
2 %
Soit le pourcentage des formations européennes de l'élite dans lequel se concentrent 76% de ces revenus commerciaux et de sponsoring.
148 %
L'augmentation au cours des six dernières années de ces recettes commerciales et sponsoring pour les 15 plus grands clubs européens (contre une augmentation de seulement 17% pour le reste des formations de première division).
«Il n'y a pas un facteur unique pour expliquer cet accroissement des disparités de revenus et puissance d'achat des "super clubs globaux" par rapport au reste de l'Europe, affirme l'UEFA dans sonrapport. Il y a une dizaine d'années, les recettes commerciales et de sponsoring étaient concentrées dans le sponsoring maillot et les accords avec les équipementiers, un peu de merchandising et un petit nombre de contrats de sponsoring locaux. Pour la grande majorité des clubs, cela reste le cas, mais pour la douzaine de "super clubs" au niveau mondial, les recettes commerciales et les recettes de sponsoring augmentent, et les partenariats correspondants sont divisés et segmentés en un nombre de contrats plus élevé et plus lucratif. Ces clubs sont en mesure de monétiser leur énorme base de supporters, qui s'étend tout autour du globe et qui est bien plus accessible aujourd'hui à travers les médias sociaux qu'elle ne l'était par le passé.»