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Foot business

Les passements de jambes financiers de Gérard Lopez, nouveau patron de Lille

Révélés par Médiapart, Médiacités et France 3 Nord-Pas-de-Calais, les montages financiers du nouveau propriétaire du Losc, mènent désormais aux Iles Vierges britanniques.
Le propriétaire de Lille Gérard Lopez, le 13 janvier 2017 au centre d'entraînement du Losc à Camphin-en-Pévèle (Photo FRANCOIS LO PRESTI. AFP)
publié le 16 janvier 2017 à 16h57

«Un ami». C'est en ces termes que Michel Seydoux présentait tout sourire vendredi dernier Gérard Lopez à la presse. Le désormais ex-président du Lille Olympique Sporting Club se satisfaisait d'avoir trouvé un «successeur» et non pas un «acheteur». Les dernières révélations de Médiapart, France 3, Nord-Pas-de-Calais et Médiacités jettent le trouble sur les méthodes du nouveau patron du grand club du nord.

Gérard Lopez n’est pas un petit nouveau dans le monde du sport. Cet homme d’affaires hispano-luxembourgeois de 45 ans qui a fait fortune grâce à Internet, notamment suite à un investissement bien senti dans Skype (société de téléphonie et de visioconférence par internet) qu’il revendra en 2005 à Ebay pour 3,2 milliards de dollars, s’est fait connaître grâce à son aventure controversée au sein de l’écurie Renault de Formule 1. Rachetée en 2009 via Genii Capital, sa société d’investissement (spécialisée dans les nouvelles technologies, la gestion des marques et les sports mécaniques) qu’il a fondée un an plus tôt avec Eric Lux, il revend l’équipe en 2015 pour une livre symbolique au constructeur français. Malgré quelques succès (25 podiums et deux grands prix remportés), l’écurie affiche alors une perte de 57 millions de livres (68 millions d’euros) tandis que le bilan comptable révèle une baisse du chiffre d’affaires importantes (de 137 millions d’euros en 2014 à 94 millions d’euros en 2015).

Dans le football, Gérard Lopez possède le Club Sportif Fola Esch (Luxembourg) qu’il a amené de la deuxième division à deux titres nationaux en 2013 et 2015. A partir de l’été 2012, c’est via Mangrove Capital Partners (société d’investissement luxembourgeoise spécialisée dans les nouvelles technologies, les droits intellectuels ou de propriété) qu’il tente successivement de racheter le RC Lens, le Deportivo Lugo (2e division espagnole) et l’Olympique de Marseille mais à chaque fois sans succès. Aujourd’hui, c’est au travers de Victory Soccer Limited, société britannique, propriété de Chimera Consulting, société offshore enregistrée à Hong-Kong, que Gérard Lopez vient d’acquérir les parts du club lillois.

Une information révélée par France 3 Nord-Pas-de-Calais début décembre 2016. Le LOSC devient ainsi le quatrième club français (après Lens, Nantes et Marseille) détenu par une entreprise située dans un pays à la fiscalité avantageuse. Une information que l'intéressé lui-même a corroborée en conférence de presse lors de la passation de pouvoir avec Michel Seydoux vendredi : «Oui, Victory Soccer sera la société mère du LOSC. On a acheté 95% des parts.»

Depuis ce lundi, on sait qu'il existe une troisième société impliquée dans le rachat du club lillois. Comme le révèlent Mediapart, Médiacités et France 3 Nord-Pas-de-Calais, Chimera Consulting appartient depuis le 17 février 2016 à 100% à Incredible Wealth Limited, domicilié dans les Iles Vierges britanniques. Des informations que dément le nouveau patron de Lille interrogé par l'Equipe. Pourtant, dans les échanges avec nos confrères via son avocat français Me Nicolas Huc-Morel, Gérard Lopez change son fusil d'épaule : «Ces structurations sont tout à fait légales, et n'ont qu'un seul bénéficiaire économique en la personne de Gérard Lopez. Elles ont été approuvées par toutes les instances compétentes dont la Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de foot professionnel. […] Je suis un investisseur travaillant sur plusieurs continents et c'est donc normalement que je dispose de sociétés dans de nombreux pays», a répondu Gérard Lopez à Médiapart. «Les raisons de ces implantations sont l'efficacité et la sécurité juridique et mes investissements se font en respectant strictement la légalité et l'éthique. […] La localisation de mes entreprises n'est pas motivée par des raisons fiscales.»

Dans les Iles Vierges britanniques, petit paradis des Caraïbes, il n’existe cependant pas de registre public des bénéficiaires des sociétés, ni d’obligation de déposer les comptes. Impossible donc de savoir si l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois est seul derrière cette énième société à l’initiative du rachat du LOSC.