Rude semaine pour les dirigeants fortunés des clubs chinois. Pour la deuxième fois en quatre jours, les instances du football du pays ont réglementé afin de freiner leurs folies dépensières pour s’offrir des danseuses en crampons et d’enrayer les dérives économiques de la Chinese Super League. Lundi, le nombre de joueurs étrangers autorisés à jouer par match a été réduit de quatre à trois. Jeudi, la Fédération chinoise a annoncé que les clubs devront désormais fournir un compte rendu détaillé de leur situation budgétaire, notamment la source de leur financement. De plus, les salaires seront plafonnés et ce en fonction des revenus des clubs.
Pourquoi de telles réglementations ? Pour protéger le football chinois. Ces changements font suite à une polémique en Chine sur les sommes pharamineuses dépensées par les clubs pour acheter puis payer des stars (ou présumées telles) étrangères au détriment de la formation des joueurs du cru. L'instauration d'un quota d'étrangers par match a pour objectif d'élever le niveau des Chinois en leur offrant du temps de jeu. Corollaire de cette décision, la CFA a indiqué que chaque équipe aura l'obligation de faire jouer deux chinois de moins de 23 ans à chaque rencontre de championnat dont un en tant que titulaire - seules les première et deuxième divisions sont concernées par cette règle. Et jeudi, la CFA a ajouté son plafond salarial un impératif pour les clubs dépensant des «sommes extrêmement importantes» en transfert à investir de manière proportionnelle dans la formation des jeunes joueurs.
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Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le président chinois Xi Jinping a en effet fait du football une priorité nationale. L'objectif est triple. Tout d'abord, se qualifier pour la coupe du monde. Ensuite, l'organiser. Enfin, la remporter. Pour cela, il s'agit de professionnaliser au mieux son football en s'inspirant d'exemples étrangers. C'est la raison pour laquelle, à l'initiative de Xi Jinping, la Chinese Super League s'est autant développée ces dernières années. Cependant l'objectif de rendre le championnat local plus attractif en multipliant les investissements notamment grâce à l'augmentation des droits télés (multipliés par 20 en novembre 2015) ou à l'implication des hommes d'affaires du pays - les dix plus gros entrepreneurs chinois possèdent tous leur propre club - s'est effectué au détriment des joueurs locaux, donc de la création d'une équipe nationale compétitive. Les clubs ont flambé des fortunes sur le marché des transferts, proposant des prix ou des salaires totalement déconnectés des standards européens: le Brésilien Oscar de Chelsea à Shanghai SIPG pour 70 millions d'euros, ou les 38 millions de salaire annuel proposé par le Shanghai Shenhua à Carlos Tevez (32 ans) qui font de l'Argentin le footballeur le mieux payé au monde. D'où les mesures annoncées par la CFA cette semaine «bonnes pour le développement global du football chinois, la formation des footballeurs nationaux et l'augmentation du niveau de la sélection».
Les transferts rocambolesques vers la Chine vont-ils s'arrêter? Mardi, Shu Yuhui, le président du Tianjin Quanjian avait annoncé que son club était «prêt à engager» Radamel Falcao, l'attaquant colombien de l'AS Monaco (on évoquait un transfert de 60 millions d'euros) avant l'annonce par la CFA de la mise en place des quotas d'étrangers : «Les contrats étaient rédigés, le prix et le salaire avaient été discutés. Ils étaient prêts à signer et ensuite nous avons reçu le signal de l'entrée en vigueur des restrictions […] Nous n'avions pas d'autre choix, il fallait changer nos plans.»