Menu
Libération
Tennis

Open d’Australie : belles histoires à la pelle !

publié le 23 janvier 2017 à 15h55

Zverev, Konta, Goffin, Lucic-Baroni… Entre exploit, découverte, première, et retour, ils ont tous marqué la quinzaine australienne à leur manière. Focus.

Mischa Zverev, du Subway à Murray !

A ne pas confondre avec son petit frère Alexander, «le futur du tennis» dixit Rafael Nadal qui vient de le battre au troisième tour de l’Open d’Australie. L’Allemand Mischa Zverev (photo AFP) quant à lui, qui vient de se qualifier pour la première fois de sa carrière en quart de finale d’un Grand Chelem, a connu, à 29 ans, une carrière faite de hauts et de bas. Plus de bas tout de même. Avant son succès historique face au numéro 1 mondial Andy Murray en 8

e

de finale, sa meilleure performance en grand chelem restait un troisième tour atteint à Wimbledon en 2008. Blessé au poignet en 2014 et incapable de tenir une raquette, le natif de Moscou - ses parents se sont installés en Allemagne au début des années 90 - a connu une période compliquée comme il l’a confié à

l’Equipe

après son succès face au Britannique : «

Je ne savais pas quoi faire. […] Tu restes à l’hôtel, tu manges à Subway. J’ai pris conscience que le jeu me manquait et que je pouvais encore faire des dégâts sur le court. Je me sentais encore assez jeune et le tennis me manquait.

[…]

C’est mon frère qui m’a dit : "Tu peux revenir, tu peux de nouveau entrer dans le top 100, être un super-joueur." Je le remercie énormément. J’étais descendu très bas dans les classements…» 

Aujourd’hui 50e à l’ATP, Mischa Zverev peut espérer faire encore un joli bond au classement grâce à sa superbe quinzaine à Melbourne. Une quinzaine pas encore terminée. Il faudra pour cela se défaire de Roger Federer en quart de finale. Mais quel que soit le résultat, l’objectif est rempli pour l’Allemand surtout lorsque l’on reçoit la reconnaissance de la légende John McEnroe :

Johanna Konta, Anglaise mais pas que !

L'empire britannique n'est pas mort. Le tennis de sa majesté peut même lui tirer un joli coup de chapeau. Que ce soit l'espoir d'origine sud-africaine Kyle Edmund et maintenant la nouvelle top 10 née australienne Johanna Konta, le «renouveau» du tennis british trouve ses origines au-delà des frontières de l'Angleterre. Ce n'était pourtant pas gagné pour Johanna Konta (photo AFP) tant son parcours personnel aurait pu l'amener à porter les couleurs d'un autre pays. Née à Sydney de parents d'origine hongroise, elle intègre l'académie Sanchez de Barcelone en Espagne avant de partir en 2005 pour l'Angleterre dont elle obtient la nationalité en 2012. «Je suis Australienne et Britannique, explique Konta. En fait, je possède même trois nationalités puisque j'ai également un passeport hongrois. Je suis un peu une version féminine de Jason Bourne (rires).» Qualifiée pour la deuxième fois de sa carrière pour les quarts de finales d'un Grand Chelem - la première fois, c'était déjà à l'Open d'Australie en 2016 où elle avait atteint les demi-finales (sa meilleure performance en grand chelem jusqu'à présent) - la joueuse de 24 ans a connu une ascension fulgurante en 2016. Elle y remporte son premier titre WTA à Stanford et passe de la 48e place mondiale à la 10e à la suite de sa finale obtenue au tournoi de Pékin devenant ainsi la première Britannique à intégrer le top 10 depuis Jo Durie en 1984. Dans la nuit de mardi à mercredi, ce n'est pas moins que l'ex numéro 1 mondiale, l'américaine Serena Williams, dont Johanna Konta devra se défaire pour continuer à espérer devenir la première britannique à remporter l'Open d'Australie depuis Virginia Wade en 1971.

David Goffin, l’homme des premières !

Le Belge David Goffin (photo AFP) avait déjà goûté au parfum d'un quart de finale de grand chelem - c'était à Roland-Garros en 2016 - mais c'est une première pour lui à Melbourne et une première pour le tennis belge. Jamais un de ses représentants n'avait atteint ce stade à l'Open d'Australie. C'est donc peu dire qu'en éliminant l'espoir autrichien Dominic Thiem, en 8e de finales, David Goffin a marqué l'histoire de son pays. Et le joueur belge commence à y être habitué. Le 18 mai 2015, il devient le joueur belge le mieux classé de l'histoire en atteignant la 18e place mondiale dépassant son compatriote Xavier Malisse qui avait grimpé jusqu'à la 19e place du classement ATP en août 2002. Une marque qu'il a améliorée de 7 places (il est désormais 11e à l'ATP). La même année, il amène la Belgique en finale de Coupe Davis pour la première fois depuis 1904 mais doit s'incliner face à la Grande-Bretagne d'Andy Murray. Qu'on se le dise, David Goffin est homme à marquer l'histoire du tennis dans son pays. Si le Liégeois parvient à passer l'obstacle Grigor Dimitrov en quart de finale, il pourrait devenir le premier belge (une nouvelle fois) à atteindre les demi-finales d'un Grand Chelem pour la première fois depuis Xavier Malisse (encore) à Wimbledon en 2002. Le premier top 10 pour un joueur belge serait alors à portée de raquette.

Mirjana Lucic-Baroni, 18 ans plus tard !

C'est une histoire de persévérance que nous livre Mirjana Lucic-Baroni au cours de cette quinzaine. Ancien grand espoir du tennis féminin, la Croate s'est rappelée à sa jeunesse triomphante en se qualifiant pour les quarts de finales de l'Open d'Australie, son meilleur résultat en grand chelem depuis… 18 ans ! Vainqueur de l'US Open et de l'Open d'Australie chez les juniors, elle atteint en 1998 les demi-finales de Wimbledon, battue par Steffi Graf, un an seulement après être passée professionnelle. La même année, elle s'offrait au côté de Martina Hingis l'Open d'Australie en double. Pourtant sa carrière allait prendre un tournant tragique. A partir de 2003, elle disparaît du circuit. C'est l'incompréhension à l'époque. Ce n'est que trois ans plus tard que l'on apprendra la vérité sur la vie personnelle de la Croate. A cause d'un père abusif qui la battait régulièrement, sa mère décide de fuir le pays pour les Etats-Unis avec ses quatre enfants. Les problèmes financiers allaient désormais rendre les voyages inabordables pour Mirjana Lucic-Baroni mettant un frein inévitable à sa carrière. En 2007, elle tente un retour mais les résultats ne suivent pas. Elle persiste malgré tout : «C'était difficile. Beaucoup de pleurs, beaucoup de déceptions. Parfois il n'y a pas de ramasseurs de balles, pas d'arbitre. Les choses ne se passent pas toujours comme ici (à l'Open d'Australie) où tout est si bien organisé. Il arrive qu'on joue pour 55 dollars par match gagné.  […] Beaucoup auraient abandonné…» . A Melbourne, la désormais 79e joueuse mondiale, 34 ans, vient de battre le record du nombre d'années passées entre son premier match gagné, en 1998, et le dernier dans un même tournoi du Grand Chelem. 18 ans plus tard…