On le promettait aux sommets. Numéro 1 mondial chez les juniors en 2008, Grigor Dimitrov y remporte la même année Wimbledon et l'Open d'Australie chez les jeunes. Par son mimétisme exacerbé dans son jeu avec la légende Roger Federer, le Bulgare se voit étiqueté très tôt le surnom de «Baby Fed». Il faut dire que son revers à une main est proche de celui du maître. En 2009, un an seulement après ses débuts sur le circuit professionnel et à seulement 18 ans, il crée la sensation en prenant un set à Rafael Nadal, alors numéro 2 mondial, au tournoi de Rotterdam. Au tour précédent, il s'était défait du 23e joueur mondial, Thomas Berdych, démontrant qu'à défaut de mériter son surnom, ce gamin avait quelque chose. Puis plus rien ou presque.
«Une place médiatique démesurée»
Il faudra attendre quatre ans pour voir le natif de Haskovo remporter son premier titre sur le circuit professionnel au petit tournoi ATP 250 de Stockholm. A l'époque, Grigor Dimitrov n'a encore jamais franchi le cap de la deuxième semaine en Grand Chelem. Il ne brille que par éclat, servant pour une manche contre Djokovic ou Murray par ici, prenant un set à Nadal par là. Mais jamais il ne parvient à confirmer les espoirs (peut-être trop grands) placés sur lui. Patrick Mouratoglou, son entraîneur de l'époque le disait : «A 17 ans, on attendait trop de lui. Il a eu une place médiatique démesurée et ça l'a fait jouer faux, penser faux.» En 2014, il réalise la meilleure saison de sa carrière. Il intègre pour la première fois le top 10 après avoir remporté son premier titre ATP 500 à Acapulco mais surtout disputé trois deuxièmes semaines de Grand Chelem dont une demi-finale à Wimbledon (sa meilleure performance en Grand Chelem jusqu'à présent, battu par Djokovic). Assimilé à la nouvelle génération venue renverser le «Big Four» (Federer, Djokovic, Nadal, Murray), le Bulgare semble pourtant à la traîne par rapport aux autres Milos Raonic ou Kei Nishikori.
Un changement d’entraîneur
Pendant longtemps, on a plus parlé de Dimitrov pour sa relation avec la joueuse de tennis russe Maria Sharapova que pour ses résultats, trop inconstants. Les choses semblent avoir changé. Le couple s'est séparé. Et le joueur a modifié sa façon de travailler. En juillet, Dani Vallverdu, ancien entraîneur d'Andy Murray et Thomas Berdych, rejoint son équipe avec un objectif, simplifier le jeu du Bulgare: «Grigor a une multitude d'armes dans son jeu. Le problème est qu'il ne les utilise pas toujours à bon escient ni au bon moment. Il doit se reconcentrer sur ses deux ou trois principaux points forts pour gagner les matchs dans lesquels il ne sent pas en difficulté puis tout lâcher uniquement dans les moments clés.» Une collaboration dont Grigor Dimitrov a rapidement ressenti les bienfaits : «En commençant à travailler avec Dani, j'ai appris beaucoup de choses sur moi-même et commencé à croire un peu plus en moi.»
Résultat ? Un début de saison 2017 prometteur avec un titre à Brisbane en janvier (le cinquième de sa carrière) remporté en se débarrassant de trois tops 10 : Thiem (8e), Raonic (3e) et Nishikori (5e) en finale. Celui qui est désormais 15e à l'ATP savoure : «L'année dernière a été assez difficile en termes d'émotions. C'est pourquoi ce titre signifie beaucoup pour moi. Je ne me suis jamais autant amusé sur un court que durant ces dix jours passés ici.»
Aujourd'hui, Grigor Dimitrov n'est plus ce jeune premier du circuit et même si l'étiquette du «Baby Fed» est difficile à enlever, le Bulgare trace doucement sa propre route. La prochaine étape se joue vendredi à Melbourne face à Rafael Nadal pour se donner la possibilité de jouer la première finale de Grand Chelem d'une carrière déjà longue mais dont on ne peut imaginer avoir tout vu. Et si le temps passe vite, le principal intéressé ne semble pas s'en inquiéter : «Wawrinka n'a-t-il pas remporté son premier titre du Grand Chelem à presque 29 ans? »