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En Pologne, l'improbable succès du Termalica Bruk-Bet de Nieciecza

Le club, basé dans un village d'environ 700 habitants, joue les premiers rôles en championnat sur fond de drones, femme président et société de matériaux de constructions.
L 'équipe de football Termalica Bruck-Net à Nieciecza, en décembre 2016. (Photo Newspix. Imago)
publié le 9 février 2017 à 12h11

Jusqu'où aurait pu aller Luzenac, ce petit village de l'Ariège d'à peine 500 habitants dont l'accession à la Ligue 2 avait été refusée par les instances de la Ligue de football professionnel en 2014 ? Le club de Termalica Bruk-Bet Nieciecza en Pologne est en train de nous en donner un aperçu.

Contrairement à son homologue français qui avait vu sa progression stoppée nette pour des raisons d'ordre budgétaire et d'infrastructures, le club polonais basé dans le village de Nieciecza, à peine plus de 700 habitants, a gravi les échelons sans encombre depuis 2004 passant de la sixième à la première division polonaise, l'Ekstraklasa. Avant la reprise du championnat vendredi, il occupe même la quatrième place du championnat à seulement 6 points du leader Jagiellonia. Si Luzenac fut la plus petite commune à abriter un club de troisième division, les habitants de Nieciecza peuvent quant à eux se vanter d'être la plus petite ville d'Europe à posséder une équipe de football dans l'élite. Une performance remarquable qui n'est pas due au hasard, raconte le Guardian.

«Le Mourinho polonais»

L’ascension de Nieciecza s’est en effet bâtie sur une manne financière provenant de l’entreprise de construction Bruk-Bet fondée il y a maintenant 30 ans par Krzysztof Witkowski, gamin du village et propriétaire du club. S’il finance, ce n’est pas lui qui tire les ficelles. Ce rôle, c’est sa femme et présidente du Termalica Bruk-Bet Nieciecza, Danuta Witkowska, qui l’occupe, chose rare dans le milieu si masculin du football. Elle a su gagner progressivement le respect de ses pairs grâce à la qualité de son travail. Elle s’est ainsi distinguée par la nomination d’un jeune analyste Kamil Potrykus (spécialisé dans la détection des jeunes talents) qui n’a pas son équivalent pour étudier les adversaires et déceler leurs failles. Des infos dont se repaît Czeslaw Michniewicz surnommé le «Mourinho polonais» (bah tiens !), un coach qui privilégie la rigueur défensive au spectacle.

Des méthodes «scientifiques» banales dans n'importe quel club de haut niveau mais qui détonnent dans un environnement aussi riquiqui. Ajoutez à cela un recrutement intelligent, l'utilisation de drones afin d'optimiser les séances d'entraînement (les joueurs sont invités à revoir individuellement leurs prestations en vidéo) ou celle d'un logiciel d'analyse de matchs spécialement conçu pour l'équipe et vous comprenez comment «les Elephants» – symbole du village depuis la fin du XIXe siècle sans que personne ne sache vraiment pourquoi – tiennent tête aux grosses écuries de l'Ekstraklasa. En témoignent ses victoires contre le Legia Varsovie ou le Lechia Gdansk. Pas mal pour un club dont le stade peut accueillir plus de six fois la population totale du village !