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Libération
Contre leur camp

Des soupçons de match truqué dans le foot semi-pro

Une enquête de police a été ouverte sur Viry-Châtillon (4e division), selon Médiapart. Les joueurs auraient pu miser de l’argent sur leur propre défaite, ce qui est illégal.
Présentation du trophée de la coupe de France à Nice, fin janvier. (Photo by Pascal Della Zuana/Icon Sport)
publié le 22 février 2017 à 11h30

Les joueurs de foot de Viry-Châtillon ont-ils arrangé leur défaite en 32e de la Coupe de France afin d'arrondir leurs fins de mois ? Des «vérifications» sont en cours au sujet de paris suspects relevés lors du match du 7 janvier qui a opposé le club francilien à celui du Poiré-sur-Vie, a indiqué mardi le Secrétariat d'Etat aux sports, confirmant une information de Mediapart. A l'issue du match, la Française des Jeux avait relevé des éléments «atypiques» et déclenché une alerte auprès de la plateforme nationale de lutte contre la manipulation des compétitions sportives.

Les différents enquêteurs saisis de l'affaire, dont le Service central des courses et des jeux, rattaché à la Police nationale, ne sont pas tant surpris par la défaite (3-1) de Viry-Châtillon, club de CFA (4e division), face aux Vendéens du Poiré-sur-Vie, qui évoluent deux niveaux en dessous, en DH (6e division). La Française des jeux a été intriguée par le comportement des parieurs, qui avaient misé à une écrasante majorité (90 %) sur une victoire du Poiré, pourtant pas favori. De même, la part du «retour joueur» (la somme qui revient aux joueurs) était quant à elle trois fois supérieure à la normale (250 % au lieu de 85 %).

Buts contre leur propre camp 

Ces paris pourraient émaner de certains joueurs de Vitry ou de leurs proches, ce qui est interdit par la loi. En misant sur la victoire de l’équipe adverse, ils auraient pu ainsi augmenter artificiellement leurs revenus, plafonnés à environ 800 € par mois.

Un cas précédent dans le football «semi-professionnel» avait été dévoilé en 2014 par la chaîne M6, un joueur de Fréjus Saint-Raphaël (3e division) ayant reconnu qu'il avait proposé à ses coéquipiers de laisser gagner leurs adversaires de Colomiers. Le plan prévoyait que les joueurs se partagent 10 000 € pour satisfaire des parieurs qui avaient misé 27 000 € sur un site basé dans les Antilles, soit vingt fois plus que les montants habituellement engagés dans des matches de ce genre.

Dans ce genre de fraude, il est possible qu’une partie de l’équipe ne soit pas tenue au courant de l’opération, ni l’équipe adverse, les instigateurs se contentant de courir moins vite, de manquer des réceptions de balle voire de laisser passer des buts dans leur propre camp. Si le plan est bien exécuté, les spectateurs et la presse n’y voient que du feu. Les enquêteurs, issus de différents services de l’Etat depuis 2016 (Parquet national financier, l’Autorité de régulation des jeux en ligne, cellule Tracfin destinée à lutter contre le blanchiment d’argent…) se fondent sur l’attitude des parieurs, par exemple leur pronostic et le montant des sommes misées.

Les dirigeants de Viry-Châtillon et le Poiré-sur-Vie, contactés par Mediapart, se disent surpris par les soupçons de tricherie.