Les dépouilles de quatre alpinistes ont été découvertes dans une tente sur l'Everest, a annoncé mercredi une société organisant des expéditions, ce qui porte à dix le nombre de morts cette saison sur le «Toit du monde». Les quatre corps ont été découverts mardi au camp IV, situé à 7950 mètres, par des secouristes partis rechercher le corps de l’alpiniste slovaque Vladimir Strba décédé dimanche. Ce dernier avait péri en même temps qu'un Américain et un Australien alors qu'un quatrième (un Indien) était porté disparu lors d’un des week-ends les plus dramatiques depuis l’avalanche de 2015 qui avait fait 18 morts.
Une dizaine d'autres grimpeurs ont dû être secourus ces cinq derniers jours, ont indiqué les secouristes. Les décès de ce week-end, sont vraisemblablement liés au mal aigu des montagnes (MAM).
Dix personnesont péri sur l’Everest depuis le début d’une saison marquée par une météo très changeante, des vents très forts et des températures inhabituellement basses.
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Plus de 120 alpinistes sont parvenus depuis le début de la saison à atteindre le sommet par le versant sud, et environ 80 autres l’ont fait depuis le versant tibétain. La courte saison printannière dans l'Himalaya s'achèvera début juin avec l’arrivée de la mousson.
Moyenne morbide
Côté statistiques des «8000», l'Everest joue hors concours. Le «toit du monde» a été gravi près de 7 500 fois, par environ 4 500 personnes, dont une majorité de sherpas. 282 personnes y sont mortes. Le drame de 1996 - huit morts en deux jours à haute altitude, dans la tempête - est célèbre (lire la critique du livre de Jon Krakauer), mais c'est en 2014 et 2015, coup sur coup et pratiquement au même endroit, que sont survenus les épisodes les plus meurtriers de l'histoire de l'Everest.
Le 18 avril 2014 au matin, 16 sherpas sont tués dans une avalanche qui les surprend alors qu’ils travaillent, à 5 800 mètres, à l’équipement de la voie d’ascension, avant l’arrivée des clients. Ces travailleurs d’altitude étaient au Khumbu Icefall, portion de glacier très tourmentée qui constitue la première partie de l’ascension, au-dessus du camp de base de la voie historique népalaise. Les sherpas obtiennent l’annulation de toutes les expéditions de l’année sur ce versant, en signe de deuil.
Un an plus tard, le 25 avril 2015, une autre avalanche monumentale, déclenchée par un séisme qui a ravagé le Népal, souffle une partie de ce camp de base de la face Sud de l’Everest, à l’altitude de 5 300 mètres. Dix-neuf personnes, dont dix Népalais, sherpas ou employés du camp, sont tuées sur le coup. Là encore, aucune ascension de l’Everest par son versant népalais n’a été faite cette année-là.
En 2016, le grand cirque de l’Everest a repris: environ 600 ascensions ont été réussies. Cinq alpinistes y sont restés. Un chiffre «normal», conforme à la moyenne morbide du toit du monde.
Cette année 2017 sera malheureusement pire que les autres…
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