On relatait un peu plus tôt la fin de match houleuse entre Lokoli et Klizan, qui avait vu le Français refuser de serrer la main du Slovaque. Ce dernier n'avait fait que du classique, laisser supposer à son adversaire qu'il était diminué, ne plus courir sur les amorties, balancer le quatrième set (lâché 6-0), pour mieux ressusciter dans le cinquième. On a vu cette intox grossière des centaines de fois dans des tournois du grand chelem. Si c'est contraire à l'esprit (et encore, la psychologie a toute sa place dans un sport de duel), ce n'est en rien interdit par la règle. En conférence de presse, le Français a donné sa version des faits, et assumé. «C'était un match sauvage. On va aller droit au but, il a été irrespectueux. Il n'a pas arrêté de simuler. S'il avait besoin d'un médecin, qu'il l'appelle. Il n'a pas été fair-play.»
Une polémique d'autant plus fâcheuse que Laurent Lokoli avait bénéficié pour ce tournoi d'une invitation, ce sésame qui dispense de passer par les qualifications, et auquel n'avait pas eu droit le vieux grognard Paul-Henri Mathieu, ce qui avait scandalisé pas mal de monde, notamment parmi les anciens joueurs. Lokoli invité, et pas Mathieu, ne fallait-il pas y voir un résultat de la proximité du premier avec le nouveau président de la Fédération française, Bernard Giudicelli (les deux viennent de la ligue corse) ? Mise au point de Lokoli : «Bernard est mon président de ligue. Mais je ne viens pas de nulle part. J'ai réussi à sortir des qualifs à Roland-Garros en 2014, et à l'Open d'Australie 2015. Puis je me suis blessé, j'ai chuté au-delà de la 1000e place, je suis revenu à la 285e place. J'ai prouvé que j'avais le niveau pour jouer dans le grand tableau.» Le niveau, peut-être – après tout il a poussé au bout du cinquième set un Klizan placé 235 places plus haut que lui dans la hiérarchie. Disons, pour rester aimable, qu'il a manqué la roublardise à Lokoli.
Il semble manquer autre chose à son collègue Maxime Hamou (21 ans), qu'on ne retardera sans doute pas à rebaptiser Hamouna. Lui est passé par les qualifs et il a réussi une sorte de Grand Chelem en son genre. A l'issue du match qui l'envoyait dans le grand tableau, une journaliste lui demande l'impression que ça fait de disputer «le vrai Roland-Garros». «Ah bon, parce que les qualifs, ce n'est pas le vrai Roland-Garros», répond-il en plantant là l'intervieweuse.
Lundi, Hamou prend une tôle au premier tour, normal, contre l’Uruguayen Cuevas. Il répond à la traditionnelle interview radio d’après-match en bouffant des chips. On en conclut que l’humilité et la diététique ne font pas partie de son bagage technique.
Mais le pire est à venir le concernant, quelques heures plus tard, dans l’émission d’Henri Leconte sur Eurosport. On n’est plus dans la goujaterie mais carrément dans le harcèlement, voire l’agression sexuelle en direct, aux dépens de la journaliste Maly Thomas, comme l’a notamment dénoncé Cécile Duflot.
Il l'embrasse de force, elle tente de se dégager, il la serre par le cou et tout le monde... rigole..... #fatigue pic.twitter.com/JxgTTmoxgm
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) May 30, 2017
Mardi à 18 h 15, un communique de la Fédération tombait : «La direction du tournoi a décidé de retirer l'accréditation de Maxime Hamou à la suite de son comportement répréhensible avec une journaliste, hier, lundi 29 mai. Le président de la Fédération a saisi la commission des litiges pour acte répréhensible.»
Le joueur, lui, a publié un communiqué sur les réseaux sociaux: «Je tiens à présenter mes plus profondes excuses à Maly Thomas si elle s'est sentie blessée ou choquée par mon attitude pendant son interview, écrit-il. Je viens de vivre une magnifique semaine ici à Roland Garros en vivant mes plus belles émotions de joueur de tennis, et j'ai laissé mon trop plein d'enthousiasme s'exprimer maladroitement envers Maly que je connais et que je respecte sincèrement. Rien de tout ce qui est écrit était mon intention. Je suis à sa disposition pour lui présenter mes excuses de vive voix si elle le souhaite, poursuit-il. J'apprends encore tous les jours de mes erreurs pour devenir un meilleur joueur de tennis et une meilleure personne.»