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Jeux olympiques

Alexandre Delaigue : «On se méprend toujours sur sa capacité à contrôler un budget»

Le coût des JO est toujours minoré, et les gains exagérés, estime l’économiste Alexandre Delaigue.
publié le 10 juillet 2017 à 19h26

L'économiste Alexandre Delaigue part d'un postulat : lorsque des chiffres sont avancés pour l'organisation de JO, ils relèvent de l'optimisme, voire de l'illusion. «Avant, on minimise les coûts et quand c'est fini, on évoque le prestige des Jeux et les bénéfices qu'il est encore possible d'en tirer.»

Pour Paris, l’organisation table sur 6 milliards d’euros de budget, qui ne serait pas dépassé puisque le gros des infrastructures est déjà en place…

En raison de délais à tenir, il ne peut y avoir de bonnes surprises. D’une part, il y a les travaux, qui à chaque imprévu, coûtent beaucoup plus cher, parce qu’il est impossible de jouer la montre avec les entreprises. Elles disent «pour être dans les temps, il faudra payer plus». Et puis, il y a le reste. En 2012, à Londres, il a ainsi fallu dépenser beaucoup plus pour la sécurité, à cause du risque d’attentats. On se méprend toujours sur sa capacité à contrôler un budget. Le comité d’organisation dit 6 milliards, mais si l’on se réfère à la moyenne des dépenses occasionnées pour organiser des Jeux, il faudrait plutôt s’attendre à 15…

D’un autre côté, ne majore-t-on pas les retombées économiques ?

On maintient une illusion autour de gains potentiels. A titre d’exemple, après Londres, des officiels ont mis en avant l’augmentation des investissements privés. Est-ce que Londres a objectivement besoin des Jeux pour attirer et convaincre des investisseurs ?

Le prestige est un mot qui revient souvent…

Si je vous dis Rio, est-ce que vous pensez d’emblée à des JO ? Et pour Sydney, Athènes ? A ce compte, la construction de bâtiments spectaculaires - la tour Eiffel, l’opéra de Sydney, la Burj Khalifa à Dubaï - coûte moins cher, avec un plus grand impact dans le temps. Ils restent, quand les Jeux passent.

Quid du contribuable ?

Parmi les arguments les plus désinvoltes, il y a celui qui consiste à lier les Jeux au projet du Grand Paris. Aux Franciliens, on explique que, de toute manière, il aurait fallu mettre la main à la poche pour que la capitale se dote de certaines infrastructures. Le risque : que des métros, entre autres, soient beaucoup plus adaptés à la tenue d’une compétition sportive qu’à la vie des Parisiens.