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Libération
Éditorial

Décalage

publié le 10 juillet 2017 à 20h26

Les arguments sur la difficile maîtrise des coûts, on les entend. La complexité de chiffrer les retombées réelles sur l’économie, on la comprend. La facilité de lier l’organisation d’un tel événement à des développements urbains, on ne tombe pas dedans. La dictature du marketing imposée par le CIO, ça nous dégoûte. Malgré tout, quand on se demande si on est plutôt pour ou plutôt contre l’organisation des Jeux olympiques à Paris en 2024, notre cœur nous dit que ça pourrait faire une belle fête. A la lecture du dossier déposé par Paris, on veut croire que les organisateurs français ont appris de la leçon du désastre brésilien et qu’ils sont davantage enclins à s’inspirer du modèle londonien, voire du modèle australien, qui furent des réussites sportives, urbanistiques et économiques. Sûrement plus attractif qu’un Brexit en tout cas. A l’arrivée, ce qui nous embête le plus avec des JO à Paris, c’est l’absence de décalage horaire. Car des Jeux olympiques, ça se vit devant sa télé ou son ordinateur, toute la nuit durant. Les JO, c’est rester devant son écran pour attendre la finale du 100 mètres, le concours de saut à la perche, les qualifications du relais en natation, les folies d’une Team Yavbou en volley ou le nouvel exploit des Experts handballeurs. C’est repousser sans cesse le moment d’éteindre parce qu’on s’est pris de passion pour le pentathlon moderne, et tous les sports dont on pense à tort qu’ils ne sont pratiqués en compétition que les années bissextiles, des pays qu’on ne place sur la carte du monde que tous les quatre ans. C’est ça les Jeux olympiques, cette envie de tout voir, de ne rien rater des «petites» comme des «grandes» disciplines, de se faire une indigestion de sport durant près de trois semaines, et pas seulement d’assister aux grandes finales. Peut-être que l’on soutiendra complètement l’organisation des JO à Paris s’ils se jouent en nocturne.