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Libération
Tour de France

Le Team Sky ne manque pas d’ire

Dave Brailsford, le manager de l’équipe de Froome, s’en est pris lundi à un média qui avait mis en cause son équipe pour des affaires de dopage.
Le manger de Sky, Sir Dave Brailsford, à Düsseldorf, avant le départ du Tour, le 23 juillet. (Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 17 juillet 2017 à 20h06

Un petit homme au crâne chauve, juché sur son vélo, se gare à proximité d'un camion gris métallisé, immatriculé en Belgique. Il tape quelques chiffres sur le digicode et s'enferme à l'intérieur. Sir Dave Brailsford, manager de l'équipe britannique Sky, boude. Quelques instants plus tôt, le patron de Christopher Froome, actuel leader du Tour, a violemment pris à partie un journaliste du site spécialisé Cyclingnews. L'improbable scène se déroule sur le parking de l'hôtel de l'Ermitage, sur les hauteurs du Puy-en-Velay (Haute-Loire), où les coureurs du Tour font relâche ce lundi, avant d'attaquer la dernière et décisive semaine de course. Il est 11 heures et la conférence de presse du Team Sky va commencer. Trente minutes de questions-réponses avec Froome et consorts sont prévues. En théorie, l'événement est réservé aux radios et aux télévisions. Mais plusieurs journalistes de presse écrite, dont  Libération, ont fait le déplacement, espérant quelques déclarations.

«Stratégie»

Brailsford déboule et se dirige vers un journaliste de Cyclingnews. «Vous n'êtes pas particulièrement invité ici», attaque-t-il, avant de désigner la sortie. Incompréhension. Le directeur de la performance du cyclisme britannique monte dans les tours : «Toute la merde que vous écrivez peut mener au suicide.» Il parle d'articles «imprécis», dit ne pas aimer «l'opinion» de Cyclingnews, avant de conclure : «Vous pouvez vous les coller au cul [les articles, suppose-t-on, ndlr].» Mais personne ne bouge. Brailsford, furax, finit par faire demi-tour, avant de se réfugier dans son camion. «L'équipe Sky a toujours eu une stratégie de pression avec les médias, réagit un autre journaliste de Cyclingnews, qui a assisté à la scène. Elle était devenue sous-jacente ces dernières années, avant de resurgir depuis la récente investigation parlementaire.» Censée à l'origine enquêter sur le dopage dans le sport, elle s'est concentrée sur le cyclisme, et notamment le Team Sky. Une déflagration, puisque la plus puissante formation du peloton professionnel (30 millions d'euros de budget annuel) ne cesse de vanter, depuis sa création en 2010, son comportement exemplaire après les scandales à répétition des années 2000.

Scandale

Les soupçons de dopage sont apparus en septembre 2016, après le piratage des données médicales de plusieurs sportifs par un groupe de hackers anonymes. Un homme apparaît au cœur du scandale : le vainqueur du Tour 2012, le Britannique Bradley Wiggins, premier champion de l'ère Sky. Les données démontrent en effet sa prise de corticoïdes sous ordonnance avant des objectifs majeurs. Si l'intention de dopage n'a pas été prouvée, elle a néanmoins placé Brailsford sous une intense pression en raison de sa communication fluctuante. C'est ce que pointait du doigt Cyclingnews dans un article du 30 juin : «Fort et stable ? L'année où Brailsford n'a rien dit». Visiblement too much pour le manager gallois, qui avait déjà congédié des journalistes le soir de l'étape de Chambéry, le 9 juillet, au motif qu'un représentant de Cyclingnews se trouvait parmi eux. Une attitude aux antipodes de l'opération séduction menée par le même Brailsford il y a quelques jours pour célébrer un cyclisme d'instinct et d'offensives. Il est vrai qu'alors Froome ne portait plus le maillot jaune. Depuis, la pression est de retour.