«Un supplice» : la montée de Notre-Dame-de-la-Garde, basilique surplombant Marseille, a laissé Romain Bardet exsangue. Le Français, si à l'aise en montagne depuis le début du Tour, a coincé dans la seule difficulté du contre-la-montre disputé ce samedi dans la cité phocéenne. 1,2 kilomètre avec une pente moyenne de 9,5% : suffisant pour procurer une grosse frayeur au coureur d'AG2R, qui conserve sa troisième place sur le podium pour une seconde face à l'Espagnol Mikel Landa. «J'ai vécu un mauvais moment à un endroit crucial, raconte Bardet. Aujourd'hui, ça n'allait vraiment pas. J'ai su rapidement que je ne serai pas dans le match.» Alors, l'Auvergnat s'est accroché, «avec la tête plus qu'avec les jambes», porté dans les derniers mètres par le public d'un stade Vélodrome pourtant loin d'être rempli.
Après sa deuxième place obtenue l'an passée sur les Champs-Elysées, ce Tour 2017 bouclé en troisième position (derrière le Britannique Chris Froome et le Colombien Rigoberto Uran) pourrait apparaître, à première vue, comme une régression. Bardet n'en croit pas un mot. «J'ai construit ce podium d'une manière totalement différente», analyse-t-il. En 2016, il avait pu refaire son retard dans une offensive au long cours lors de la 19e étape, finissant tout de même à quatre minutes et cinq secondes au général. Cette année, Bardet a attaqué l'ultime contre-la-montre avec un débours de 23 petites secondes.
«S’investir un peu plus»
«J'ai passé une marche supérieure en montagne. Je suis heureux d'avoir répondu présent car l'après est toujours plus difficile à concrétiser», glisse-t-il. Des Vosges aux Alpes, en passant par le Jura, les Pyrénées et le Massif central, le grimpeur d'AG2R n'a rien cédé aux leaders adverses. Il est même souvent parvenu à leur reprendre du temps, tout en remportant une victoire de prestige à Peyragudes. Reste qu'à l'heure de relever les compteurs avant une dernière étape pour du beurre sur les Champs-Elysées, le tricolore pointe à 2'20'' de Chris Froome, en passe de remporter son quatrième Tour de France. Un temps abandonné lors des deux étapes chronométrées d'une édition pourtant peu relevée en la matière.
Romain Bardet le sait, il va devoir progresser dans cet exercice solitaire qu'il n'affectionne pas et juge même «ennuyeux». «Je l'ai payé cher aujourd'hui, même si la pièce retombe du bon côté», reconnaît-il. Pour continuer à «rêver au maillot jaune», il sait que «fatalement», il va lui falloir «s'investir un peu plus». Un arbitrage de haute précision, pour que les gains réalisés à l'entraînement sur le chrono ne se fassent pas au détriment de son explosivité en montagne.