Rigoberto Urán, force très tranquille
Eblouissant 2e coureur du Tour, exceptionnel pour ses attaques pleines de panache, le Colombien Urán nous a régalés pendant trois semaines. Pardon, on blague. L'inattendu dauphin de Froome, vainqueur de l'étape de Chambéry - avec son dérailleur bloqué, il ne pouvait pas changer de vitesse -, a été très critiqué pour son attentisme. Au premier rang de ses détracteurs, ses adversaires Bardet et Martin. Mais «Rigo» voulait peut-être juste sécuriser un podium, à 30 ans, lui qui se traînait blessé ou nonchalant depuis ses 2e places au Tour d'Italie en 2013 et 2014. Même en Colombie, pays fou de vélo, il reste peu populaire. Des scientifiques ont toutefois donné son nom à une espèce de grenouilles. Bondissantes ?
Michael Matthews, kéké éclair
Le maillot vert, dernier refuge des punks du peloton ? Remporté depuis 2012 par le Slovaque Peter Sagan, produit le plus cool du cyclisme mondial, le titre de meilleur sprinteur échoit à l’Australien Michael Matthews, alias «Bling». Un surnom qu’il doit à son côté «kéké», du genre à rouler en voiture de luxe, chaînes en or apparentes, ou à gober des pizzas sur son vélo. Matthews est allé chercher son titre sur tous les terrains : placé lors des étapes de plaine, à l’aise dans les bosses, à l’attaque en montagne. Son duel avec Kittel, lauréat de cinq étapes et sans rival lors des sprints massifs, promettait. Mais l’Allemand a abandonné, et «Bling» (deux victoires d’étape) a décroché le vert.
Warren Barguil, à pois nommé
Samedi, le Breton était numéro 1 à l'applaudimètre du Vélodrome à Marseille, lors du contre-la-montre. Warren Barguil, 25 ans, a éclaté cet été : maillot à pois du «grand prix de la montagne», deux victoires d'étape, un titre de «super-combatif» acquis grâce à ses échappées et une 10e place au classement. «J'ai pris du plaisir», répète-t-il. Chouchou de Macron lors de sa visite sur le Tour, Barguil est le nouveau produit bankable des organisateurs, qui cherchaient une alternative à Bardet et Pinot. L'entraîneur des 19-22 ans, Bernard Bourreau, disait de ce Breton qu'il avait «les jambes de Virenque et la tête de Hinault». Mélange explosif, dont on se demande bien ce qu'il donnera à l'avenir.
Mikel Landa, arrivé à maturité
Ça y est, le Team Sky peut débrancher Landa. Une formidable tondeuse à gazon qui a turbiné tout l'été et a failli bouffer l'herbe sous les pieds de son leader, Chris Froome. L'Espagnol semblait en effet meilleur que le Britannique dans les cols. Il a peut-être été freiné par son équipe (qu'il quittera cet hiver, vraisemblablement pour rejoindre Movistar). Sur le plan perso, Landa termine 4e, à une seconde du podium. Le plus incroyable, c'est que ce robot jardinier enchaîne impeccablement le Giro et le Tour de France, là où tous les autres ont échoué. Son manager, Dave Brailsford, explique qu'il a eu la «chance» de chuter en Italie et de ne pas se cramer à disputer le classement général. Certes, mais il cartonnait déjà dans la montagne.
Romain Bardet, les limites du bleu ciel
Verre à moitié vide ou à moitié plein ? Samedi, à l’issue de son contre-la-montre raté dans les rues de Marseille, Romain Bardet ne savait pas trop choisir. Le Français de 26 ans grimpe sur le podium final du Tour pour la deuxième année consécutive, une performance qu’aucun tricolore n’avait réalisée depuis Richard Virenque il y a vingt ans. Mais l’Auvergnat a aussi failli se faire doubler sur le fil par l’Espagnol Landa. Sa faiblesse dans l’exercice chronométré est en l’état rédhibitoire dans sa quête du maillot jaune. Bardet le sait. Dilemme : le grimpeur français ne cesse de clamer son envie d’un cyclisme débridé, fait d’offensives et de panache, pas exactement celui d’un vainqueur de Tour. Bardet achèvera-t-il sa mue un jour ?