Mehdy Metella a décroché la première médaille du clan français lors des championnats du monde à Budapest. Le bronze. Meilleur temps des demi-finales, il était annoncé comme l'un des grands favoris de la finale du 100 mètres nage libre. Le nageur né en Guyane a finalement dû s'incliner devant la force américaine : Caeleb Dressel décroche l'or (47''17) et Nathan Adrian, son compatriote, l'argent. Après avoir signé la meilleure performance française sans combinaison dans la discipline et battu de 43 centièmes son record personnel en demi-finale, le Marseillais n'est pas devenu le premier tricolore champion du monde sur la distance reine. Au forceps après cinquante premiers mètres encourageants, Metella arrache juste le podium. «J'ai eu très mal aux jambes, les bras étaient là, mais les jambes…» a-t-il lâché à sa sortie du bassin. A 25 ans, le petit frère de Malia Metella, argentée sur 50 mètres nage libre aux JO d'Athènes en 2004, décroche tout de même sa première médaille individuelle dans un championnat du monde en grand bassin. De quoi lui donner le sourire et ne pas changer sa préparation : sieste quotidienne et rap français dans les oreilles avant de sprinter. C'est comme ça qu'il s'enferme dans sa bulle avant chaque course.
Ainsi mercredi, avant la demi-finale, Metella, s'était-il improvisé en danseur. Quelques minutes et 47,65 secondes plus tard, le natif de Cayenne validait son billet pour la finale avec la manière. Record personnel battu. Une petite gestuelle improvisée symbole de sa décontraction. «C'est la première fois que Nathan Adrian (Etats-Unis) a dû voir un mec pas concentré du tout en chambre d'appel. Je commençais à danser et tout… Il me dit pourquoi tu danses ? Je lui dis que je n'ai pas de stress», racontait Metella à l'Equipe.
La sieste comme friandise
Si Mehdy Metella a choisi la natation, c'est peut-être pour les horaires (aucune course l'après-midi). Une petite garantie pour s'exercer à la sieste, l'une de ses activités favorites. En Hongrie, il a perdu Florent Manaudou, son compère de chambrée. Seul avec son lit, le sprinteur fait de sa piaule sa salle de repos favorite. «Ma séance de muscu dépend de la sieste que je fais, c'est le repos du nageur. Je ne peux pas enchaîner, finir l'entraînement du matin, me préparer à manger, regarder la télé et aller à la muscu. J'ai besoin de ce repos.»
Le petit frère de Malia Metella, argentée sur 50 m nage libre aux Jeux d’Athènes, en 2004, et sur 100 m aux championnats du monde de Montréal un an plus tard, a attendu la fin de la carrière de son aînée pour éclore. En 2010, un an après la retraite de sa sœur, Mehdy signe ses premières performances aux Jeux Olympiques de la jeunesse. Un titre individuel sur 100 m et deux autres breloques en relais. Habile en nage libre et en papillon, le cadet Metella choisit la deuxième discipline à Rio quatre ans plus tard pour prendre son envol. Il échoue finalement à la sixième place et rentre en France avec une médaille d’argent décrochée avec le relais du 4X100. Relais qui l’a conduit à l’or aux championnats du monde en petit et grand bassin.
L’heure de nager seul
A Budapest, Metella doit montrer que son nom peut être associé à l'«or» sans personne d'autre. Pour ce faire, «Medhynamite» a décidé de s'aligner sur le 100 m nage libre et papillon (vendredi). Julien Jacquier, son entraîneur au Cercle des nageurs de Marseille depuis 2013, a jugé qu'il en avait les moyens. Son mètre 91 et ses 94 kg ont été préparés pour ça. Mais Mehdy Metella rappelait l'incertitude de la natation à la sortie de sa demi-finale : «Si je refais le même temps, je pense que c'est jouable pour la première ou je ne sais pas quelle place… Mais si c'est une médaille, je serai satisfait de moi. Sinon, je peux faire 4e comme 6e, on ne sait jamais.»