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Ambiance putschiste à la Fédération internationale de boxe

Mercredi, les opposants au très contesté président Ching-Kuo Wu ont bloqué l’entrée des locaux situés à Lausanne. Depuis, c’est porte close et situation figée.
Le Taïwanais Ching-Kuo Wu, très controversé président de la Fédération internationale de boxe. (AFP)
publié le 28 juillet 2017 à 19h07

Devant la Maison du sport international, qui abrite plusieurs organisations sportives, à Lausanne (Suisse), une vingtaine d'employés ont découvert mercredi matin qu'il leur est interdit d'accéder aux locaux de la fédération internationale de boxe (AIBA). Et ce jusqu'à lundi minimum. La cause? Un putsch des opposants au président taïwanais, Ching-Kuo Wu. Bandes adhésives sur les portes et vigiles sont là pour empêcher toute intrusion. «Le comité exécutif de l'AIBA a voté une motion appelant à un vote de défiance envers le président actuel Ching-Kuo Wu», explique de façon lapidaire un document placardé sur les vitres. «De plus, des motions ont été adoptées permettant la mise en place d'un Comité exécutif intérimaire (CMI) pour diriger le travail de l'AIBA et organiser un congrès extraordinaire. De ce fait, en cette période de transition, il a été décidé de fermer les bureaux pour le reste de la semaine et d'offrir trois jours de congé aux employés.»

Chefs de file des opposants, le Gallois Terry Smith et le Canadien Pat Fiacco, anciens boxeurs, aujourd'hui membres du comité exécutif à la fédération. Ils reprochent à Ching-Kuo Wu, l'état catastrophique des finances de l'instance, la jugent au bord de la faillite et dans l'incapacité de rembourser plusieurs prêts. Mardi, un communiqué diffusé par l'AIBA expliquait pourtant que son comité exécutif réuni à Moscou avait approuvé un audit financier réalisé par KPMG. En réaction au blocage, l'AIBA a qualifié le comité intérimaire «d'illégal», en prenant le soin de signaler qu'un de ses représentants a été «expulsé des locaux par la police suisse». Le Comité international olympique (CIO) a pour sa part rappelé qu'à sa demande, l'AIBA a fourni en décembre 2016, un rapport d'enquête du cabinet d'audit PwC sur «les questions de mauvaise gestion financière passée» et s'est engagé à en suivre les recommandations.

Le sulfureux Ching-Kuo Wu

A Moscou, Ching-Kuo Wu, 70 ans, en octobre prochain a tenu contre vents et marées malgré les premiers grondements. Réélu à deux reprises, le Taïwanais est en place depuis 2006. Il siège également au CIO depuis 1988. Une longévité 25 ans qui en ferait un membre influent du comité exécutif. L'homme est du genre sulfureux. Avant d'être mis en cause pour les soucis d'argent de sa fédération, Wu avait été critiqué pour les scandales ayant entaché les compétitions de boxe aux JO et les soupçons de corruption visant les arbitres. Son manque de zèle en matière de lutte antidopage a également été critiqué; l'AIBA n'organisait tout simplement pas de contrôles hors compétition. Cette dernière affaire avait notamment privé temporairement la fédération de sa contribution pour les JO de Rio par le CIO. Le comité olympique avait finalement débloqué les liquidités après que l'AIBA avait apporté des garanties «sur le renforcement de son programme de lutte antidopage». Cette fois-ci, le CIO demande à avoir plus d'informations pour savoir «si de nouvelles actions sont nécessaires». En attendant Ching-Kuo Wu reste en poste. Selon l'AIBA, la crise pourrait menacer les prochains championnats du monde censés débuter le 25 août à Hambourg.