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Analyse

Pourquoi le transfert de Neymar est une victoire sur la Ligue espagnole

Si le transfert du Brésilien est un énorme coup pour le PSG, il a également de quoi satisfaire la Ligue de football professionnel. Elle qui rêve d’imiter la ligue espagnole, vient de lui piquer un objet marketing déterminant.
Javier Tebas, président de la Liga espagnole. (Photo Roslan Rahman. AFP)
publié le 4 août 2017 à 10h32

Confortablement installé dans son fauteuil, Javier Tebas, président depuis 2013 de la ligue de football professionnel espagnole, explique en juin dernier sa stratégie de développement pour le championnat ibérique lors de la convention du football professionnel à Cannes. Autour de lui, Nathalie Boy de la Tour et Didier Quillot, numéros 1 et 2 de la Ligue de football professionnel française (LFP) écoutent, prennent une leçon.

Horaire sacré

A l’heure où le classique PSG-OM peine à attirer plus d’1,5 million d’abonnés sur Canal+ (1,75 et 1,73 cette saison en moyenne pour les deux rencontres de championnat), plus de 2,5 millions d’afficionados se massent devant la chaîne payante de la Liga pour regarder les classico Barça-Real, également diffusés dans 185 pays et montrés sous tous les angles. 12 caméras 4K lors de la dernière confrontation entre les deux clubs (première diffusion du match en ultra haute définition en 2014), des ralentis à 360 degrés proposés par Intel. Le tout disputé, pour au moins l’une des deux rencontres, à un horaire idéal dans l’ensemble du monde (16 h 15 pour le premier match lors de la saison 2016-2017). La France, elle, vient à peine de diffuser sa première rencontre en 4K, le 29 janvier au Parc des Princes lors du grand match Canal+ du dimanche soir à 21 heures. Horaire sacré.

La LFP a donc pris l'option de marcher dans les pas de son homologue ibérique. Lors de la 18e journée, Paris ou Monaco joueront le dimanche à 13 heures «pour développer la marque Ligue 1 à l'international». Une mesure adoptée en Liga depuis 2011… avec une rencontre décalée à midi chaque week-end. La ligue réfléchit également à sanctionner les clubs dont les tribunes face caméra sont clairsemées. Punition déjà appliquée en Espagne. Exemple de mesures qui ont permis à la ligue espagnole et son inusable président Tebas de rattraper et dépasser économiquement la Bundesliga allemande. Passant de 2,05 milliards d'euros de revenus en 2014-2015 à 3,32 en 2016-2017 selon les rapports Deloitte. La LFP, avec son 1,8 milliard d'euros hors transferts, est loin.

Des Brésiliens devant un PSG-OM

Le développement marketing, l’utilisation des réseaux sociaux ou l’ouverture de bureaux dans le reste du monde ne sont pas les seules raisons à ce développement réussi du football espagnol. La LFP tente de suivre. Elle a bien inauguré un bureau à Pékin en collaboration avec la FFF en février dernier. Mais le transfert de Neymar rajoute quelque chose de déterminant. Quand elle proposera ses images, la LFP montrera une superstar connue de tous, amoureux du ballon rond ou non. Le genre de garantie qui évite de vous retrouver à disputer le Trophée des champions dans un stade aux trois quarts vide, comme le dernier PSG-Monaco, le 29 juillet. Et vous assure d’attirer quelques Brésiliens devant la télé lors d’un PSG-OM, alors qu’il est encore l’heure d’aller sur la plage à Copacabana.
Problème pour la Ligue, l’accord des droits télés de la L1, qui rapporte 748,5 millions par an depuis 2016, court jusqu’en 2020. Lorsque le nouveau contrat sera mis en place, le prodige brésilien terminera la troisième de ses cinq années négociées avec le club de la capitale. Pour la diffusion à l’étranger, la LFP a un accord exclusif avec BeIn Sport jusqu’en 2024, à hauteur de 80 millions d’euros par saison (revalorisable jusqu’à 50%). A des années-lumière des 650 millions perçus par ligue espagnole pour exposer les stars de la Liga sur les écrans télé du monde entier.