Neymar a été présenté samedi après-midi au public du Parc des princes, censément réuni pour assister au lancement de la saison 2017-2018 du Paris-SG à domicile contre le Amiens SC, et ça n’a pas toujours été un plaisir. Une file d’accréditation presse digne du Festival de Cannes, où nos confrères du Courrier Picard (puisque la réception d’Amiens était la pièce de résistance de l’après-midi) ont eu l’impression de tomber en plein carnaval, régulée au compte-gouttes comme on accède à un G8.
Un set euro-dance du DJ Martin Solveig, «supporteur du Paris-SG et plus particulièrement de Javier Pastore», dont il arborait le numéro 27, ce qui est une forme de résistance passive puisque ledit Pastore a lâché son numéro 10 à Neymar, pour récupérer le 27 que le créateur argentin avait à son arrivée dans la capitale en 2011. Des mandales essuyées par les photographes quand Neymar, arrivé sur une estrade à 16h07 dans la foulée du président parisien Nasser al-Khelaïfi alors qu'il était attendu pour 15h45, a entrepris un tour de stade, shootant des ballons bleus dans les tribunes au fil de sa progression. Et les discours insipides de l'intéressé et de al-Khelaïfi, «rêvons plus grand», «Paris est magique», des slogans pour équipementiers là où l'on aurait au moins pu espérer un peu d'émotion.
C’est à la toute fin du tour d’honneur du Brésilien que ça s’est passé. Sur le point de regagner les vestiaires, la star arrachée à grand prix (la presse brésilienne parle d’un salaire net de 30 millions d’euros) a fait brusquement demi-tour, faussant compagnie au service d’ordre, à la vingtaine de gamins habillés en jaune (le maillot extérieur du club) qui l’escortaient, aux photographes : au protocole millimétré qui accompagne chacun de ses pas depuis son arrivée jeudi soir au Bourget. Neymar a foncé sur la tribune Auteuil, ôtant son maillot en courant avant de la balancer aux supporteurs massés derrière le but.
Panique dans son sillage, les photographes sont les premiers à réagir, les gardes du corps accélèrent, Neymar torse-poil prend la flotte des tuyaux d’arrosage qui, à cet instant, rafraîchissent la pelouse à une heure du coup d’envoi : un peu d’imprévisibilité et de tension – le service de sécurité jouait sa peau – dans un storytelling en plomb. Bien sûr que Neymar a fait ça pour se mettre les supporteurs dans la poche : l’épisode rappelle cependant qu’un joueur, même statufié, a besoin du public. Le football n’est pas (encore) un espace virtuel. L’attaquant brésilien a ensuite disparu du terrain. La Ligue espagnole (à moins que ce soit la Fédération, l’affaire n’est pas claire) fait traîner l’envoi du certificat de mutation du joueur à la Fédération française de foot (FFF), et le Paris-SG n’avait donc pas le droit d’aligner sa star devant Amiens.
A part ça, un PSG épuisé par sa lourde préparation physique d'avant-saison, mais juste techniquement, l'a emporté 2-0 grâce à un but (42e) et une passe décisive (80e, Pastore à la conclusion) de son attaquant uruguayen Edinson Cavani. La suite dimanche en huit à Guingamp.