30 septembre 2014, deuxième journée des phases de groupe de la Ligue des champions. Le PSG affronte le FC Barcelone (3-2), futur champion d'Europe. Les Franciliens prennent deux fois à revers la défense catalane en première mi-temps. Une troisième fois à la 54e minute. Blaise Matuidi coupe un centre de Van der Wiel. L'homme à tout faire, recruté au début du projet qatari, mène le club de la capitale vers une première victoire de prestige – et d'espoir – face aux Espagnols. Chassé-croisé : à l'heure où Neymar arrive au PSG pour permettre au club de viser (mieux armé) la victoire en Ligue des champions, Blaise Matuidi rejoint la Juventus Turin, finaliste de la compétition l'an passé. Le tout pour 20 millions d'euros, un montant pas si courant (en dépit des chiffres dingues du marché) pour un joueur de 30 ans.
Au départ de son aventure parisienne, le style Matuidi, gratteur insatiable de ballons de la première à la dernière minute, fut largement salué. Puis, à mesure que le club calait en Ligue des champions (trois quarts de finale et un huitième en quatre ans), celui-ci a commencé à être égratigné, un peu dans la presse, beaucoup sur les réseaux sociaux. En substance : pas assez fin, pas assez technique. Bref, il y a mieux. Il n'empêche : sous ses airs de pieuvre désarticulée, l'international Français, 58 capes, a fait preuve d'une régularité incontestable.
En six saisons, Blaise Matuidi aura disputé plus de 295 matches avec le maillot parisien pour quatre titres de champion de France, autant de victoires en Coupe de la ligue et trois sacres en coupe de France. Au fil des années, il s'est installé comme un élément indéboulonnable du milieu à trois à côté des italiens Thiago Motta et Marco Verratti. Relayeur infatigable, le natif de Toulouse est, en 2014-2015, le deuxième joueur à avoir abattu le plus de kilomètres en Ligue des champions – 90,7 au total. En octobre 2015, Gérard Houiller, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France, le comparait même à Luka Modric, le petit génie croate du Real Madrid : «Les deux ont un volume de jeu terrible.»
Pastore, dernier rescapé
Arrivé pour 10 millions d’euros en juillet 2011 en provenance de Saint-Etienne, Blaise Matuidi incarnait alors les ambitions d’un club qui devait encore grandir par étapes : des joueurs de Ligue 1 reconnus, agrémentés des trouvailles transalpines du directeur sportif de l’époque, Leonardo. De ce premier mercato version qatari, il ne reste donc plus que Javier Pastore.
Sur et en dehors du terrain, Matuidi ne s’est jamais caché. Médiatiquement, il fut l’un des joueurs les plus présents, dans les bons comme dans les mauvais moments. Les amateurs du zapping de la chaîne officielle du club en attesteront. Une débauche d’énergie de tous les instants qui lui a finalement joué des tours, notamment en équipe de France durant l’Euro 2016. Titulaire indiscutable depuis 2014 sous le maillot bleu, le milieu de terrain est apparu émoussé durant le championnat d’Europe.
Rien de surprenant pour Jean-Marc Furlan, son entraîneur à ses débuts à Troyes, qui à l'époque, avait analysé sa méforme pour Libération : «Trois ans en jouant autant de matches à un tel rythme, ça n'est pas possible ou bien, ça occasionne une baisse de régime à un moment ou un autre.» C'était ça, Blaise Matuidi au PSG. Peut-être, trop «étiqueté» Ligue 1 pour un club mondialisé qui rêve d'Europe.