Dans la chaleur étouffante du début de soirée de Manaus au Brésil, Wayne Rooney centre vers Daniel Sturridge dont le plat du pied trompe Gianluigi Buffon pour égaliser à un partout face à l'Italie. A 8 000 kilomètres de là, 23h37 à Londres, tout le peuple anglais explose de joie. Trente minutes plus tard, Mario Balotelli vient doucher les sujets de la reine. L'Angleterre perd 2-1 en ouverture du Mondial 2014, s'inclinera face à l'Uruguay et sortira par la petite porte face au Costa Rica (0-0). En revenant au pays, Wayne Rooney, qui a inscrit au Brésil son seul but en phase finale de coupe du Monde, rentre comme tant d'attaquants Anglais avant lui : sans gloire. Comme Michael Owen (plus jeune international anglais du XXe siècle à 18 ans et 59 jours), pourtant, il devait être cet attaquant surdoué. Celui de la renaissance pour une sélection en lose totale depuis 1966 – son seul titre de champion du monde.
«Joueur fantastique»
A l'Euro 2004, il inscrit deux doublés en phase de poule à seulement 19 ans. Il n'en faut pas plus. «Je ne sais vraiment pas quoi dire. Il est absolument fantastique, pas seulement pour marquer des buts, mais il joue au football. Il est un footballeur complet», s'enthousiasme Sven-Goran Eriksson, son sélectionneur à l'époque. Malgré l'élimination en quart, après tir-aux-buts, l'Angleterre a trouvé sa coqueluche. En 14 ans passés sous le maillot anglais, Rooney aura été partout : en attaque, à l'aile et au milieu en mode «box to box». Le gamin de Liverpool est devenu rapidement un cadre puis un taulier.
Transféré à l'été 2004 d’Everton à Manchester United, pour 31 millions d’euros, Rooney, le gars du nord de l’Angleterre, véhicule cette image du football «so british» pré-Premier League. Un physique de docker (il a longtemps pratiqué la boxe) avec son mètre soixante-seize et ses quatre-vingt-trois kilos placés sous sa (fausse) chevelure et ses taches de rousseurs. Le genre de bonhomme à se retrouver dans une caravane en train de cuisiner des pâtes avec, pour environnement, le ciel gris et les fumés des usines du Yorkshire, pour les besoins d’une publicité Nike.
«Source d'inspiration»
«Wayne Rooney est une icône de sa génération et une légende incontestable du football» a rendu hommage Greg Clarke, président de la fédération anglaise. Avec 119 sélections, record pour un joueur de champ, ses 53 buts qui ont effacé les 49 réalisations de Sir Bobby Charlton, Rooney méritait bien ça. Ses 22 capes avec le brassard, et ses 71 victoires (29 nuls et 19 défaites) sont tout aussi saluables. Clarke a complété : «Du footballeur de rue au capitaine de l'Angleterre, Wayne continue d'être une source d'inspiration pour tous.»
Rooney a pourtant décidé d'arrêter la sélection à 31 ans pour «se concentrer sur son club d'Everton», où il est revenu cet été. Il n'aura réussi à offrir de titre à son pays, «son regret» malgré six tournois majeurs disputés. Les taquineurs vous diront de toute manière que le seul homme à avoir offert un titre aux Three Lions s'appelait Tofik Bakhramov et était Azerbaïdjanais.