Sur les réseaux sociaux, certains supporters de la bannière étoilée n'entendant pas laisser le privilège de la fierté nationale à Donald Trump se sont laissé aller. Juste après la victoire de Madison Keys sur l'Estonienne Kaia Kanepi, mercredi en quarts de finale de l'US Open (6/3, 6/3), on pouvait ainsi lire «Make America Great Again. Notre président ne le fera pas. Nos femmes, si.» En l'occurrence, quatre joueuses de tennis made in USA : Venus Williams, Sloane Stephens, Coco Vandeweghe et Madison Keys, la dernière placée de ce quartet gagnant, toutes qualifiées pour les demi-finales à Flushing Meadows. Un carré de dames 100% US, une performance qui n'était plus arrivée en Grand Chelem depuis trente-deux ans. À New York, c'était même du jamais vu depuis encore plus longtemps, trente-six ans exactement, puisque en 1981, Tracy Austin, Martina Navratilova, Chris Evert et Barbara Potter avaient été les dernières Américaines à réussir une telle épopée.
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«La quinzaine a été très bonne pour le tennis américain, a souligné la plus expérimentée d'entre elles Venus Williams. Toute ma vie, j'ai toujours connu de très bonnes joueuses américaines donc c'est super d'assister à cette renaissance. J'espère que cela continuera.» À New York, oui, puisque l'une d'elle, c'est certain, soulèvera le trophée samedi. Un soulagement, n'a pas éludé Madison Keys : « Franchement, c'est tellement bon de me retrouver dans cette salle de presse pour parler enfin en positif du tennis américain, a souri la protégée de Lindsay Davenport devant les journalistes. Je ne peux même pas compter le nombre de fois où j'ai dû m'asseoir dans ce fauteuil et vous écouter me dire combien le tennis était dans un horrible état chez nous ! Alors là, ça fait plaisir. Et ce n'est pas fini car il y a encore plein de jeunes qui arrivent. »
Renouveau
Paradoxalement, c’est privé de Serena Williams, l’arbre qui cachait la forêt depuis de trop longues années, que le Team USA avait en fait senti le vent tourner dès le début de la quinzaine. Le tableau de départ comptait en effet vingt-trois Américaines. Avec quatre d’entre elles en quart de finale, ce qui n’était plus arrivé depuis quinze ans, l’US Open était déjà réussi, selon l’USTA, la fédération américaine. Alors quatre en demi-finale, on est à court de qualificatifs…
«Ce n'est pas une surprise de voir ces filles à ce niveau, analyse Patrick Mouratoglou, le coach de Serena Williams, parce que cela fait un moment que l'on sait qu'il y a un groupe de jeunes joueuses avec un très fort potentiel. Madison Keys, il y a longtemps que l'on parle de son potentiel exceptionnel de vainqueur de Grand-Chelem. Pour Sloane Stephens, on savait aussi. Coco Vandeweghe, c'est peut-être celle que l'on attendait le moins, mais en même temps c'est une fille qui a gagné l'US Open en juniors (en 2008), qui avait déjà le tennis mais chez qui tout est en train de se mettre en place. Venus on n'en parle même pas… Et puis il y en a d'autres. Et chez les garçons, ça arrive aussi. Il y a un renouveau du tennis américain. Ils ont connu une période de vrai creux mais ils ont su rebondir.»
Au point que pour la première fois depuis neuf ans, une Américaine autre que Serena Williams sera sacrée en Grand Chelem. Une révolution. Et pendant ce temps-là, Serena, d'ailleurs ? Eh bien elle a la tête loin, très loin de cette agitation. Elle pouponne. Mais tant de réussite des ses compatriotes l'aura autant réjouie que piquée au vif. « Elle est archi-motivée pour revenir le plus vite possible, assure son amie Marion Bartoli. Elle a une envie incroyable de montrer qu'elle peut gagner même en ayant eu un bébé. Ce sera une histoire exceptionnelle.» Et une nouvelle source de motivation : redevenir la cheffe de file de ce tennis américain qui se porte désormais si bien.