Rude image samedi soir au stade de la Licorne d'Amiens, alors que les secouristes de la Croix-Rouge - pas un pompier n'a été aperçu sur place - s'employaient auprès de la cinquantaine de supporteurs lillois tombés d'une tribune après qu'une barrière a cédé à la suite d'un rush des fans fêtant l'ouverture du score de leur équipe : le président du club d'Amiens, Bernard Joannin, s'exonérait de toute responsabilité alors que Philippe de Mester, préfet de la Somme, confessait s'étonner «que l'on cherche des responsables partout, sauf chez les supporteurs [lillois]».
A cet instant, plusieurs d'entre eux étaient conduits au CHU d'Amiens, cinq étant diagnostiqués dans un état grave, 22 autres souffrant de blessures légères. Le spectre de Furiani (18 morts et 2 354 blessés, à la suite de la chute d'une tribune du stade bastiais en 1992) flottait dans l'air. Le match a été arrêté et la course à la défausse est allée bon train, Joannin expliquant «que la barrière était en parfait état», et imputant aux «200 ultras très énervés stationnés dans le parcage réservé aux Lillois» la responsabilité d'une charge «désordonnée» ayant fait céder la barrière. Ben, supporteur lillois, dans la Voix du Nord : «On était bien serrés et ça a poussé sur le but mais normal, quoi, comme sur un but. Et soudain, la tribune a cédé et une cinquantaine de supporteurs sont tombés.» Une séquence habituelle : le rush collectif vers l'avant est l'un des attributs des supporteurs les mieux partagés au monde.
Dimanche, sur le site du Courrier picard, le président du club d'Amiens a présenté ses excuses aux Lillois tout en tenant bon sur le fond : «Les diverses commissions de sécurité qui ont inspecté le stade ont validé l'accueil du public. Nous ne l'aurions évidemment pas accueilli sinon.» Ce qui transfère la pression sur la commission de sécurité, voire sur les normes exigées pour une rencontre de Ligue 1. Les instances ont diligenté une enquête à ce sujet.
Le stade de la Licorne a toujours eu mauvaise presse : rouillé deux ans après son inauguration en 1999, vétuste, ouvert aux intempéries et au vent glacial en hiver…
Aucun manquement n’a pourtant jamais été constaté sur la sécurité. Le Red Star et le RC Lens y ont même trouvé refuge. On pressent cependant un procès à venir des «petits clubs». Vivement les conclusions de l’enquête.