On savait déjà qu’en matière d’aide médicamenteuse à la performance, il existait un dopage des riches et un dopage des pauvres. Mais il en est de même dans le dopage mécanique. C’est en effet lors d’une petite course amateur, dimanche à Saint-Michel-de-Double (Dordogne), qu’a été découvert pour la première fois en France un vélo à moteur. Un genre de triche qui a longtemps fait fantasmer le monde du cyclisme, notamment après la performance de Christopher Froome sur le mont Ventoux pendant le Tour 2013 ou sur le Paris-Roubaix 2010, les accélérations de Fabian Cancellara scotchant ses adversaires et les observateurs.

Mais cette fois, on ne parle ni du «Kenyan blanc» ni de «Spartacus», mais d'un coureur âgé de 43 ans, licencié au club de Mussidan, en troisième catégorie amateur. Il a été confondu par une opération conjointe menée pour «suspicion de tricherie» par le parquet de Périgueux, la Fédération française de cyclisme (FFC) et l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).

Contrôlé par l'AFLD à l'arrivée, le coureur a rapidement avoué les faits. Le cycle était boosté par une forme assez rudimentaire de moteur : un bidon noir fixé au cadre et relié à un moteur caché dans le tube de la selle et permettant d'actionner le pédalier. Il a expliqué lundi avoir recouru au subterfuge «pas pour gagner» mais pour «retrouver des sensations» après avoir dû arrêter le vélo trois mois à cause d'une hernie.

Avant de se faire interpeller, il s'était fait remarquer la semaine passée lors du grand prix des artisans et commerçants aux Eyzies, déjà en Dordogne. Sa performance avait interpellé l'un des participants, Thomas Chassagne, coureur de haut niveau amateur chez Creuse Oxygène : «Le circuit comprenait une bosse de 2 kilomètres à faire quinze fois. Ce gars en troisième catégorie se baladait dans nos roues alors qu'on montait à bloc, la langue dans les rayons de devant. Son vélo faisait un bruit bizarre. A l'arrivée, je lui ai donc demandé s'il était au courant qu'il y avait un moteur sur la course. Tout le monde m'a dit "mais non, tu rêves, pas en amateur", sauf lui qui m'a regardé bizarrement avant de partir.»